Rajoy, c'est pas un gentil...

Je n’aime pas tant Mariano Rajoy. C’est pas un gentil. Il est un brin hargneux, passablement rigoriste et super procédurier. Mariano, c’est le champion de la menace. Comme sa diplomatie. Il ne faut pas trop s’y frotter… C’est sa marque de fabrique la menace, quand d‘autres « touchottent », « embrassottent », les romantiques quoi (ah Emmanuel…). Mais Mariano, c’est pas un romantique. Lui, il adore les procès, les investigations judicaires, les rapports de force. Il vient d’une grande famille de Galicie qui a fait carrière dans la haute magistrature. Alors il fait comme papa et grand papa… Ca le fait vibrer, ça l’émoustille. Bref la négociation, le dialogue, c’est pas trop son truc même quand les gentils petits Suisses proposent de lui donner un coup de main. « Moi, un coup de main, vous rêvez... La justice et la police, c’est bien mieux… ».

Et en plus il est très moche. Vous me direz que cela ne doit pas être pris en compte pour juger de son action. C’est vrai. Mais il n’en demeure pas moins qu’il est très moche. Je sais c'est pas gentil... Entre une soirée aux chandelles avec Mariano ou avec l’ancien président de la Catalogne, le « beau » Artur Mas, mon cœur balance sans hésiter du côté d’Artur (même si la justice vient de lui saisir sa maison et ses biens mis en garantie pour payer "provisionnellement" sa caution de 5,2 millions pour avoir fait voter les catalans le 9 novembre 2014). Chic, il n’est pas expulsé de son appartement. Faut dire qu’il n’a pas encore été condamné… Sacrée guerre psychologique pour abattre ses adversaires… La justice ne chôme pas en Catalogne et quelle vitesse d’exécution… Tout le monde dénonce tout le monde. On n’a jamais vu ça. Et tous mis en examen. C'est pratique...

La loi, c’est son unique credo à Mariano : « Le peuple n’a pas à voter ni à changer la loi puisque la loi ne le permet pas ». Vous imaginez ça en Suisse… Ne pas pouvoir voter… Tous ses adversaires sont en prison, ruinés ou qui vont l’être sous peu, humiliés, mis en examen ou en exil… Voilà que les indépendantistes catalans sont accusés d’être une organisation criminelle… La mafia à Barcelone… Sans violence, sans armée et dans les urnes, sacrée bande de criminels… Des bras cassés je vous dis… Même pas quelques petits pistolets à eau ou des couteaux en plastic… Les voilà « putchistes » des votes... Quels bandits… Mais bon ils n’ont pas respecté la loi. Et c’est quand même embêtant. Et l’Europe qui fait l’autruche… Alors que le parlement européen n’est pas peu fier d’avoir remis le prix Sakharov à l’opposition vénézuélienne (de droite) pour son courage à braver la loi de son pays, elle qui veut changer la constitution pour plus de démocratie. Vous avez dit bizarre.

Et Manuel Valls, le très « souple » Manuel qui vient au secours de Mariano. Magnifique. Lui le Barcelonais pure souche qui défend bec et oncle l’article 155 qui a mis la Catalogne sous tutelle de l’Etat central, sans contrôle parlementaire et sans limite de temps. Il était pour l’état d’urgence en France, le voilà pour l’état d’exception en Espagne. On ne pourra pas lui reprocher d’être incohérent !

Il soutient la jolie Inès Arrimadas, cheffe de file de Ciudadanos, un nouveau parti de centre droite qui ressemble un peu à « En marche » et surtout super anti-indépendantiste. C'est d'ailleurs sa raison d'être... Fini le soutien au Parti socialiste qui voit son « ex idole » française passer à l’ennemi. Mais Manuel a tout de même bu un petit café avec son ancien pote socialiste devant les caméras… C’est pas un gentil geste… Ah Manuel, tout pour se faire remarquer... Mais il faut lui reconnaître une chose, il a bon goût. Il soutient une très jolie et jeune candidate, avocate, intelligente, brillante oratrice, alors que le candidat PS, un petit dodu, pas très beau mais très sympa ne peut pas rivaliser, question beauté s’entend. Mais les « pas très beaux » peuvent aussi aviver les passions : Carles n’est pas terrible (mais il fait très mâle…) et encore moins son ancien vice-président, Oriol, très très dodu, encore en prison, qui lui, osons le dire, est franchement pas très beau. Et tous les trois peuvent gagner les élections. Un pas tant beau, un plutôt moche, une belle… Quel suspens... La belle et les bêtes au programme des élections du 21 décembre. Cela aurait plus à Jean Cocteau … Et tout cela pour élire un Parlement et un Gouvernement qui ont moins de pouvoirs que ceux du canton du Jura…

Article paru dans TRIBUNe de décembre 2017