Deux petits garnements...

Le petit Jong-Un était un enfant très sportif, adorant Disney et les films de Jean-Claude Van Damme, voire un peu téméraire… On dit même qu’il a appris à conduire une voiture dès 3 ans, dans le parc de la résidence familiale, une Mercedes équipée de pédales et d’un siège particulièrement adaptés pour qu’il puisse jouer à Senna dans les jardins de papa. Fou d’informatique et de basketball, le futur dictateur nord-coréen a été marqué d’un caractère indépendant, hors normes pour ne pas dire excentrique. Faut dire qu’il a de quoi être un peu « spécial ».

Dès son plus jeune âge il vit isolé, dans un monde de jouets, de consoles, sans copains, sans personne, laissé uniquement aux soins de ses gardes du corps et autres domestiques, sans jamais sortir de son palais sauf lorsqu’il séjourna en Suisse durant son adolescence, pendant plus de cinq ans. Et vlan un de plus au Rosey… Et bien non les amis. Son papa, dictateur de père en fils, l’a inscrit dans une école publique des plus « standard » de Liebefeld après deux ans passés à l’International School of Berne à Gümlingen. Ca ne s’invente pas Liebefeld et Gümlingen… Et c’est là que l’on se dit que le système éducatif helvétique a eu quelques ratés. Mais il était paraît-il très bon en mathématiques et en arts plastiques… Sûrement la raison pour laquelle il accorde autant d’importance à sa coupe de cheveux, elle aussi décoiffante…comme à sa tenue vestimentaire, un style bien à lui. Jong-Un ose la différence. Malheureusement sans limites et c’est bien là le problème. Il aime à expérimenter…

Mais la culture helvétique du compromis a dû lui échapper ou alors, à Liebefeld, on ne lui a fait découvrir que la recette de la fondue et très peu celle de la démocratie. Mais enfin la fondue, c’est déjà un début pour apprendre à partager d’autant plus qu’il partage désormais sa passion culinaire avec Jinping… La Suisse laisse des traces…

Jong-Un est aussi un polyglotte averti. Il parle couramment français, anglais, allemand et encore plus surprenant, sauf pour nous, suisse allemand… L’obsédé lanceur de missiles nucléaires, au centre des discussions de l’ONU, parle suisse-allemand. C’est pas courant … Une langue barbare pour qui ne fait que l’entendre. C’est, je pense, ce qui a dû le perturber… Il n’a pas tout compris… Car pour un esprit asiatique, le suisse-allemand, c’est vraiment très complexe, surtout question prononciation. Bref le « berntüsch » a certainement transformé son esprit en quelque chose d’inconnu que le monde découvre aujourd’hui. Mais bon, le résultat n’est pas brillant sauf qu’il nous faut reconnaître qu'il est innovant, compétitif, qu’il n’a peur de rien, qu’il ose prendre des risques et que dans le fond, il est très heureux d’avoir aux USA un compagnon de jeu qui suit les mêmes règles que lui, c’est-à-dire de faire tout le temps tout ce qu’il veut sans jamais de contradiction ou si peu. Ils ont bien des points communs : ils aiment la bagarre et la provocation et surtout ils n’aiment pas perdre… Des enfants pourris gâtés quoi…

Donald avait pourtant été envoyé par son père dans un camp militaire pour adolescents difficiles, sans beaucoup de résultats non plus. Donc, je crois pouvoir le dire sans me tromper, Jong-Un et Donald sont ce qu’ils sont parce qu’ils ont manqué d’amour dans leur jeunesse… Pas assez de bisous… A quoi cela tient. Des petits chérubins tout mignons devenus petits monstres… Et le monde tremble devant ces deux gosses turbulents. Shinzo, au Japon, cherche à se réinventer une armée qu’il n’a plus, Jinping se la joue modérateur, tout en donnant des punitions à son garnement qui n’écoute pas, pour éviter le pire car le petit est devenu fort et Vladimir se dit que ce n’est pas le moment de lancer une bombe en Syrie ou ailleurs… De son côté, Donald menace d’opérer militairement partout. Il a la fâcheuse tendance à mettre le feu partout où il passe. Il aime à réprimander et à donner des punitions quand on ne fait pas ce qu’il dit. Même à l’Allemagne et à la Suisse, c’est tout dire… Mais nous on est gentils... Alors que faire pour arrêter des garnements si puissants qui cassent tout sur leur passage ? Des impulsifs qui piquent des colères monstres ? Qui tentent le diable à la moindre occasion ? Qui bousculent tout le monde pour se faire remarquer et qui pourtant se font en permanence réprimander mais sans succès… ? Les parents sont démunis… Il faudrait leur mettre des calmants dans leur chocolat chaud du soir sauf que l’un est insomniaque et qu’il ne boit pas de lait et le second fait tester ses boissons et repas par quelqu’un d’autre. Alors le monde se met à prier, chacun son Dieu, qu’une solution miracle vienne à résoudre le problème. Sauf que le bon Dieu laisse les humains se débrouiller tous seuls… Mince alors…

Article paru dans TRIBUNe août 2017