Tremblez mais osez!
- Fabienne Guignard
- 25 août 2020
- 3 min de lecture
Quand une crise de l’ampleur de ce fameux corona vient à dévaster les sociétés et les économies mondiales, il serait inconscient de ne pas en tirer des leçons et retourner au monde d’avant comme si de rien n’était, par facilité et sécurité. On préfère ce que l’on connaît, c’est bien connu…
Ces crises ne sont-elles pas au contraire l’occasion de faire un pas en avant, de tourner les yeux vers un futur amélioré, plus équitable, plus respectueux des hommes et de l’environnement car c’est souvent dans les grandes crises de l’histoire que des pans entiers de l’organisation des sociétés, des villes, des mentalités, de la mobilité, de l’économie, de la science ont changé de direction.
Le baron Haussmann sur mandat de Napoléon III a repensé Paris en une quinzaine d’années, pas sans dégâts et violences. Les rues se sont élargies, des parcs ont été créés… La médecine a fait des progrès faramineux pour combattre peste, choléra, tuberculose, gale, etc. Toujours des maladies liées à la misère et l’insalubrité. La propreté des villes, les égouts ont été au centre de l’aménagement des cités reconstruites différemment. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui après ce Covid qui est loin d’avoir disparu ? Encore faut-il oser changer, avoir le courage et les idées pour le faire. C’est le rôle du politique que de donner cette vision, cette impulsion. Réparer ce qui doit l’être. Assurer une meilleure cohésion sociale. Mais tout prendra du temps et ces changements de mode de vie ne se feront pas sans heurts et résistances.
Croire que le monde d’avant est inamovible et que rien ne changera ou si peu, c’est croire que l’esprit et l’âme humaine ne seraient pas en mesure de s’adapter aux changements lorsqu’ils sont porteurs de progrès. On retrouvera toujours des conservateurs qui penseront que le changement ne leur sera pas favorable, souvent par peur de l’inconnu, peur de perdre des acquis, des privilèges ou une façon de vivre ou de penser. Ils vont freiner…
Il y a ceux qui aiment le changement à se donner le tournis. Il y a les iconoclastes, sans tabou, qui voient en la nouveauté des sources d’espérance et de mieux vivre en oubliant parfois que l’adaptation au changement ne se fait pas en un coup de baguette magique. Il faut convaincre. Il y a les « innovants » pragmatiques qui vont mettre sur papier des solutions nouvelles de nous organiser. La science va progresser. L’écologie va prendre de l’ampleur n’en déplaise à certains. Il y a aussi les idéalistes qui doivent vite remettre les pieds sur terre. Le monde n’est pas fait de « bisounours »…
Et ceux qui vont profiter de la situation pour attaquer le bien commun, des extrémistes de tout bord pour « casser la baraque ». Le mouvement sociétal « Black Lives Matter » est lui aussi le reflet d’une situation mise sous le tapis depuis trop longtemps. C’est une cause juste qui se manifeste à un moment où il faut changer les règles. Ce changement de mentalité, comprendre l’Histoire avec des yeux d’aujourd’hui fait avancer les sociétés dans le bon sens. Tout doit être en mouvement sans renier le passé qui est.
Ce confinement vécu plus ou moins bien ou mal, a mis au jour des inégalités flagrantes auxquelles il faudra remédier. Le monde d’avant était bruyant. Une nature peu respectée a repris son souffle avec brio pendant cet arrêt. La pauvreté ne peut plus être ignorée. Une dépendance excessive aux autres peut nous mettre en danger, individus, entreprises, nations. Mais la solidarité est restée un fondement du vivre ensemble.
Nous sommes à un stade de notre histoire contemporaine où il faut savoir « trembler mais oser… ». c'est autant l'esprit d'entreprise que l'esprit de son temps.
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