Responsabilité sociale de l'entreprise?
- Fabienne Guignard
- 25 août 2020
- 2 min de lecture
Comme l’individu, chaque entreprise par sa manière de gérer la crise, a elle aussi montré son visage en ces temps troublés. Reflet de sa direction, de l’éthique de ses dirigeants.
Il fut un temps où la responsabilité sociale était un argument d’image mis en avant par les grandes entreprises, les banques notamment qui aimaient à expliquer leur engagement dans la culture, le sport ou le social par une responsabilité sociale, argument choc pour fidéliser ses clients et en conquérir de nouveaux. La communication interne avait aussi les faveurs des responsables de communication pour chouchouter les collaborateurs. Leur montrer qu’ils étaient importants. Les choses ont bien changé depuis une vingtaine d’années avec la disparition complète de ce concept de responsabilité sociale. Cet argument n’a plus court…
Pourtant sans compréhension des problèmes de ses collaborateurs, de ses collègues, de son patron, rien ne pourra être constructif sur le long terme. Cette crise sanitaire devenant crise économique aura son lot de détériorations, de peines et de difficultés à passer le cap, avec certains qui ne le passeront pas. On a vu aussi un sursaut époustouflant d’entraide dès le début du confinement. Chacun a pu appréhender les réalités quotidiennes de bien des femmes depuis toujours, celles de concilier vie de famille et vie professionnelle. Avec le home office et les enfants à la maison, il fallait être compréhensif et productif tout à la fois…
Aujourd’hui les entreprises à l’arrêt attendaient un soutien considérable des pouvoirs publics pour ne pas sombrer. L’Etat par définition solidaire vis-à-vis de tous ses concitoyens a payé le prix fort pour éviter un naufrage. Il est là sur la durée pour en limiter les dégâts mais pas ad aeternam… A charge des grandes entreprises, des PME, des commerçants qui auront bénéficié d’aides de rester eux aussi solidaires avec leur personnel et ne pas profiter de la situation. Y compris avec leurs clients en évitant d’augmenter de manière éhontée certains prix de produits devenus indispensables, jouant ainsi sur la peur des gens. Le prix des masques, des produits de désinfection, du plexiglas ont pris l’ascenseur, l’occasion était trop belle. Et la qualité est aussi de qualité variable… Un contrôle rétroactif des abus sera indispensable.
Des polémiques ont d’ores et déjà été lancées sur la responsabilité sociale des entreprises qui ne veulent pas prendre une petite part des pertes. Au centre des critiques, les régies immobilières, les propriétaires, les assureurs qui ont désormais de gros problèmes d’image.
Et ce sont les fameux GAFAM, accusés d’optimisation fiscale à outrance qui sortent financièrement fortifiés de cette crise. Ils viennent de connaître le meilleur trimestre financier de leur histoire. Même la bourse qui ne produit rien s’est enrichie alors que l’économie réelle en a pris un sacré coup. L’économie virtuelle plus forte que l’économie réelle ? Le débat n’est pas clos.
Il y aura dans cette bataille de reconquête économique des gagnants et des perdants. Que les gagnants se comportent bien, c’est là l’enjeu d’une cohésion sociale indispensable pour la prospérité du pays, une responsabilité qui ne doit pas dépendre que de l’Etat. Chacun doit prendre sa part de solidarité, cela s’appelle justement la responsabilité sociale. Et ce n’est pas un vilain mot…
Paru dans TRIBUNe de mai 2020
Comments