Méchant virus qui tue la galanterie

Et bien voilà, on n'a plus le droit de s’embrasser, de se faire la bise, de se toucher le bras, de s’approcher quoi… Certains seront ravis car la bise usuelle les énervait au plus haut point (j’en connais…). C’est vrai qu’avec le temps, on embrassait tout le monde, sur la joue s’entend, dès la première rencontre. Normalement on embrasse ceux qu’on aime bien mais ce n’était plus vrai le cas. On faisait la bise à tout va… Mais d’un coup, tout arrêter, c’est dur... Et on se demande si ça va revenir ou si la mode du bisou est définitivement révolue.

Il y a plein de gens que j’aimais bien embrasser. D’autres, c’est vrai, on passait vite au suivant ou à la suivante, car on embrassait les filles et les garçons.

Rappelons-nous avec émotion ces rencontres de dirigeants au plus haut niveau, le G7, le G20, le Conseil européen, où tout le monde s’embrassait allègrement. Et plusieurs fois par session. Donald embrassant Angela, on avait de la peine à comprendre ou Brigitte qu’il trouvait âgée… Parce que la bise se faisait aussi entre conjoints… Impossible d’y échapper sauf Jacques Chirac en son temps ou le beau Giuseppe qui s’étaient osés au baisemain. Parfait d’ailleurs.

C’est tout de même mieux que la main baladeuse de Valéry, à 93 ans, sur une journaliste allemande qui, le ridicule ne tuant pas, le dénonce pour agression sexuelle… Des vieux Monsieur légèrement obsédés, il y en a beaucoup dans les EMS… Mais un vrai bisou de Giuseppe, objectivement, ça devait valoir le coup… Un bisou d’Alexis, encore mieux mais il a toujours eu de la peine à faire des bisous. Il était réservé…A Angela jamais. Faut pas pousser après ce qu’elle lui a fait…

Mais la bise était devenue une habitude entre hommes aussi. Celui qui avait lancé la tendance, c’était l’ami Juncker qui embrassait tout le monde. Jean-Claude aimait à "touchotter". Bon pas vraiment Donald qui préfère le hug viril à l’américaine mais entre eux pas de « touchottage », la guerre était déclarée. Se serrer la main était déjà une corvée, alors plus, cela aurait été trop pénible… Chez nous, les hommes préfèrent encore se serrer la main. La bise entre hommes, c’est seulement au plus haut niveau ou entre amis proches. En Suisse, je ne suis pas sûr qu’Ueli embrasse Alain. Ignazzio pourrait embrasser Guy, peut-être… C’est pas encore arriver chez nous… Karin ou Simonetta quand elles se trouvent avec leurs collègues européens embrassent tout le monde. Ou plutôt, on les embrasse… C’est assez bizarre en fait.

Mais il n’en demeure pas moins, qu’aujourd’hui, plus de bises, plus de mains serrées, plus de tapes dans le dos. Et plus de galanterie… Qui va m’aider à enlever mon manteau s’il faut rester à 2 mètres de distance ? Rien que pour cela, ce sacré virus, il faut vite l’éradiquer… Il ne mérite pas de vivre…

Paru dans TRIBUNe de mai 2020