Formation duale : l'artisan au quotidien. Pas de bon pain sans levain...
- Fabienne Guignard
- 3 déc. 2019
- 3 min de lecture

Comme dans beaucoup de domaines, il faut trouver des noms savants pour qualifier les choses, les métiers notamment. Alors pour faire bien, on appelle formation duale ce que tout le monde connait sous un autre nom : l’apprentissage. Et là pour le jeune Suisse, tout est clair. Mais avec le temps, parler d’apprenti, c’est pour de nombreux esprits, politiques de gauche notamment, un vilain mot. Un mot dénigrant, signe d’infériorité intellectuelle, d’injustice sociale, la formation pour les pauvres…
A force de revendication pour une éducation égalitaire où tout le monde a le droit aux études supérieures, on favorise le moins fort car il a le droit au meilleur. On voit bien dans cette tendance à l’égalité à tout prix une vision de la gauche depuis des décennies qui n’a qu’un mot en tête, l’égalité. Alors pour ne stigmatiser personne, on propose à tout le monde de faire le gymnase puis l’université. Et comme le gymnase demande quelques exigences, on multiplie les filières, les passerelles. C’est plus flexible, plus à l’écoute du développement de l’individu. Il y a des sections tellement variées qu’on n’y comprend plus rien. Mais par contre, on supprime le grec ancien… Bref au nom de l’égalité, le niveau scolaire a baissé. La Suisse romande, influencée par la politique française, a pour les études supérieures un attrait que les Suisses alémaniques ont beaucoup moins : "Sans bac, pas d’avenir…"
Proposer un apprentissage à son enfant est considéré par beaucoup de parents comme un déclassement social comme si le travail dès le plus jeune âge était à ce point dégoûtant qu’il ne saurait être question de le favoriser.
Et bien non, l’apprentissage, c’est plus de 220 métiers différents qui sont le ciment de la vie économique des petits commerces et industries. 70% de l’activité économique du pays se fait grâce aux PME et c’est justement elles qui ont un besoin de main d’œuvre qualifiée, qui aura été confrontée aux réalités de la vie professionnelle avec une connaissance sur le terrain. L’apprenti pourra ensuite, son CFC en main, prendre à bras le corps une filière de formation supérieure : un brevet, une maîtrise, un raccordement s'il le souhaite.
Mais à force de vouloir que tout le monde fasse des études, nous voilà avec des jeunes qui arrivent dans le monde du travail de plus en plus tard, les plus riches suivront des formations universitaires postgrade très coûteuses. Au nom de l’égalité sociale, on aura simplement repoussé le moment fatidique de la réalité, l’égalité n’est pas la panacée. Ce qui compte, c’est l’équité.
Il est aujourd’hui urgent de réhabiliter l’apprentissage en Suisse. La Suisse qui aime à se vanter à l’étranger des mérites de l’apprentissage. Elle qui favorise l’aide au développement en Afrique notamment, avec le soutien de grandes entreprises helvétiques comme Nestlé qui ont besoin de main d’œuvre qualifiée pour leurs usines sur place.
Tous les détenteurs d’un CFC trouve un travail sitôt leur diplôme en poche. Aujourd’hui plus de 10'000 places d’apprentissages ne sont pas repourvus. On manque pourtant d’électriciens, de plombiers… Les jeunes immigrés s’intéressent à cette filière car ils savent qu’ils trouveront un emploi. L’apprentissage n’est pas une sous-formation, c’est une formation dont notre pays doit être fier et pas seulement à l’étranger. Il faut donc la favoriser. Il est temps de revenir au pragmatisme d'antan. L’apprentissage a une grande valeur, il est la base du développement économique. Il permet à chacun de devenir s’il le souhaite son propre patron. Il n’est pas nécessaire d’avoir fait des études universitaires pour diriger une PME. Si c’était le cas, la Suisse n’existerait tout simplement pas…
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