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Entre le déshonneur et la guerre, l'Occident a choisi...

  • Pierre Schaeffer
  • 3 déc. 2019
  • 3 min de lecture

L’ordre règne dans «l’Orient compliqué». Les Kurdes ont été sauvés de l’anéantissement par l’axe Moscou-Damas. Après sept ans de guerre civile et 300.000 morts, Assad reste un chef d’Etat reconnu. Daech a perdu son territoire et son ambition d’Etat islamique. Erdogan peut toujours revendiquer la qualité d’allié de l’Occident au sein de l’OTAN et de position avancée des Etats-Unis au flanc du Caucase, malgré la stratégie chaotique de Trump et la faiblesse de l’axe franco-britannique.

Les ingrédients d’une paix armée sont-ils pour autant réunis dans une région qui reste une poudrière? Si c’est le cas, la trêve actuelle pourrait ne pas être durable, tant elle consacre l’échec de l’Occident. La non-belligérance actuelle, garantie par des détachements syriens et russes, conforte la position des adversaires de l’Europe. Assad qui était l’ennemi désigné de la France et de l’Angleterre pendant cette longue guerre civile, sort renforcé de l’épreuve et il reste à Macron à l’inviter à une parade du 14 juillet comme l’avait fait Sarkozy…

Quant à Daech, en principe éliminé des territoires du nord de la Syrie et privé de chef après la mort d’Al Baghdadi, il pourrait reconstituer des cellules terroristes à partir des prisonniers libérés ou échappés des geôles kurdes. Enfin, l’arbitre de la paix actuelle reste la Russie de Poutine qui enregistre un double bénéfice: le maintien de sa présence navale en Méditerranée orientale, le fameux accès de la Russie aux mers chaudes et la création d’une zone tampon entre le Caucase, ventre mou de la Russie et le Proche-Orient éruptif.

La Grande-Bretagne et la France sont les grands perdants de cette guerre. Non seulement, elles renoncent à leur position historique dans ces pays, héritée des mandats qui leur avaient été confiés après la Première Guerre mondiale, sur les ruines de l’empire ottoman, mais elles sombrent dans le discrédit par l’abandon des Kurdes, leur bras armé contre Daech, payé de 11.000 morts kurdes. Certes, l’Amérique de Trump ne sort pas renforcée de la paix actuelle, malgré le maintien d’une présence militaire américaine sur les champs pétroliers du Nord syrien. Mais «le big stick» des Etats-Unis est fortement contesté au gré de la remise en cause du parapluie américain, déjà affaibli par la disparition du gendarme iranien du Golfe et par la revendication américaine d’une meilleure répartition des coûts au sein de l’OTAN.

Le prix est plus élevé pour l’Europe dont la crédibilité est en cause. La Grande-Bretagne et la France sont restées impavides devant les coups de boutoir de l’armée turque contre les Kurdes. L’honneur de ces nations, habituellement protectrices du Proche-Orient, a été piétiné deux fois. En août 2014, la France s’était engagée à intervenir si Assad était convaincu d’avoir utilisé des gaz de combat. La démonstration en a été faite et Hollande est resté inerte au motif de l’inaction d’Obama. Aujourd’hui, c’est l’abandon des Kurdes qui scelle la pusillanimité des Franco-Anglais et leur incapacité à mettre sur pied une force militaire projetable, comme Blair et Jospin s’y étaient engagés à Saint-Malo en 1999. Vingt ans après, aucun de ces deux pays n’est capable de projeter une force d’intervention, comme si le fiasco de Suez en 1956 pesait toujours sur la détermination de ces deux pays, comme si, 80 ans après l’invasion de la Pologne par le Troisième Reich, le pacifisme l’emportait toujours sur le sens de l’honneur.

Pour intervenir au Proche-Orient, ces deux gouvernements auraient dû disposer de troupes projetables, de moyens de transport, d’une logistique, d’une flotte et de porte-avions en Méditerranée orientale, toutes composantes inexistantes à ce jour tant en France qu’en Grande-Bretagne. En Méditerranée orientale, pour l’heure, c’est la flotte russe qui s’impose comme en Syrie, l’armée russe, face à une Europe qui a déserté une région névralgique où elle a garanti la paix pendant plus d’un siècle.

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