Médecine et responsabilité : Et si tout le monde se prenait en charge...
- Fabienne Guignard
- 11 oct. 2019
- 5 min de lecture

OPERER QUAND CELA EST VRAIMENT NECESSAIRE
La santé n’a pas de prix disent ceux qui ne veulent rien changer. Ce n’est pas vrai. Même si c’est un droit universel que d’être soigné, il n’est pas sans limites. Parlons des excès des uns et des autres qui coûtent à la communauté et aux particuliers des sommes gigantesques. Tout le monde veut contrôler la hausse des coûts sur le papier mais personne ne veut diminuer les prestations, ni prendre des mesures drastiques pour y parvenir, ni les patients qui courent à la moindre occasion au service d’urgence pour un petit bobo ni les médecins qui courent après les consultations (il faut bien assurer la bonne marche financière du cabinet) ou prescrivent trop d’examens (scanner, IRM) pour être sûr...
La pratique de la médecine actuelle est-elle encore une profession libérale ? Elle est à ce point réglementée et le financement finalement assuré par les patients ou les pouvoirs publics (car rappelons-le l’assurance maladie est obligatoire) que le médecin sera remboursé. Combien de professions libérales peuvent-elles bénéficier d’une assurance financière de cette ampleur ? Et comme les primes sont hautes, avec ou sans franchises, le patient ne voit pas pourquoi il ne profiterait pas de la situation. Et le corps médical fait de même. Comme les assureurs qui ne sont pas toujours très net avec les remboursements.
Le tarif TARMED si compliqué permet des factures dont il est quasi impossible de contrôler la véracité. Il n’est pas rare qu’un médecin facture une deuxième séance (une séance officielle est de 20 minutes) sous un prétexte quelque peu douteux, à savoir une consultation psychologique. Si parler à son médecin plus de 20 minutes, c’est avoir des problèmes psychologiques où va-t-on. C’est ainsi qu’un simple rendez-vous (CHF 175.-) avec une prise de sang (CHF 75.-) revient pour 20 minutes à CHF 250.-. Rajoutez les coûts des médicaments prescrits et il faut se battre pour ne pas en avoir… Incroyable mais vrai. Quand on dit que ce n’est pas nécessaire, que l’on va se prendre en charge différemment, en changeant l’alimentation par exemple, voilà ce que l’on vous répond la bouche en cœur : Mais c'est l'assurance qui paie. Et qui paie l’assurance ? L’assuré. Qui paie la franchise ? L’assuré. Si elle est haute, bonjour les dégâts. Si vous bénéficiez de subsides pour la payer, c’est bien les impôts de tous qui prennent en charge la facture. On constate déjà une médecine à deux vitesses : ceux qui ont les moyens de payer les 10% de participation aux frais et ceux qui vont renoncer aux soins et médicaments par manque d’argent. Voilà une réalité que l’on ne veut pas voir. Le déni est si facile. Alors à chacun de se responsabiliser. C’est possible.
Aborder la maladie, les accidents, la mort n’est jamais chose facile. Mais il y a d’autres moyens de prendre soin de sa santé : l’alimentation, les médecines douces, l’activité physique, le yoga, la méditation ainsi que les médecines chinoises, ayurvédiques (de tradition millénaire), la phytothérapie, la naturopathie, la macrobiotique indienne que pratiquait la Doctoresse Kousmine en son temps, l’homéopathie et quelques autres. Les acupuncteurs et autres ostéopathes cherchent par leurs traitements à fluidifier l’énergie du corps et du mental. Ces formations ne s’apprennent pas sur un coin de table. Ce sont des études longues et sérieuses. La phytothérapie elle aussi ne s’apprend pas sur internet. La médecine douce ne doit pas être mise entre les mains d’apprentis sorciers même de bonne volonté. Les plantes comme les huiles essentielles sont à la fois nocives et soignantes. Encore faut-il les connaître. Ces métiers de médecine douce, dites complémentaires, ne s’improvisent pas. L’usage des plantes n’est jamais anodin.… L’automédication a ses limites.
Mais qu’en est-il de la formation sur ces matières dans le cursus universitaire des médecins et pharmaciens ? Quasi aucune. C’est bien là le problème. S’ils n’ont pas fait l’effort ou n’ont pas eu l’envie de s’y intéresser, comment peuvent-ils conseiller leurs patient qui veulent se soigner le plus naturellement possible, avec le moins de chimie possible. Pire, les patients n’osent pas dire à leur médecin traitant qu’ils font appel à des médecines douces de peur d’être rabroués. La médecine n’accepte pas cette approche différente de la santé car elle ne l’a connaît pas ou quasi pas. L’argument de l’effet placébo a bon dos.
Pour éviter les erreurs, ne pas prendre n’importe quel produit vanté sur les sites d’internet. Renseignez-vous auprès de votre médecin disent les experts .Sauf qu’il ne sait pas. Alors la plupart du temps, il dit NON.

POURQUOI NEGLIGER LES MEDECINES DOUCES, COMME L'AYURVEDA PAR EXEMPLE ?
Les pharmacies regorgent pourtant de produits de ce type (dont les clients sont friands) mais très peu de professionnels sont réellement informés. Il y a heureusement quelques officines spécialisés qui sont tout à fait compétentes, qui savent depuis longtemps que le millepertuis doit être pris avec des pincettes, que le jus de pamplemousse tous les matins est à éviter. Le corps médical, les pharmaciens le découvrent seulement aujourd’hui…Quelle découverte ! Un aromathologue qui se respecte sait qu’il ne doit pas intervenir si son patient suit un traitement contre le cancer. Il y a heureusement quelques médecins courageux, qui osent prendre des positions en faveur des médecines complémentaires comme le Professeur Pierre-Yves Rodondi, ancien patron de la médecine intégrative et complémentaire du CHUV aujourd’hui à Fribourg. Comme son frère, Nicolas Rodondi, Professeur de médecine à Berne qui est l’un des premiers médecins de renom à préconiser une diminution drastique de la médication pour les personnes âgées. De 13-14 médicaments par jour, 4 ou 5 sont selon lui suffisants avec un bon suivi. Une récente émission de la TSR, 36,9, était sur le sujet fort bien argumentée. Vivre mieux avec moins de chimie et d’examens intrusifs. Et moins cher.
La responsabilité de sa santé, la gestion de sa maladie et de sa mort incombe à chacun. Le patient doit être mieux intégré, écouté dans son processus de soins tout particulièrement dans les soins de fin de vie. Des hospitalisations pour des personnes du quatrième âge sont généralement coûteuses, difficiles à supporter pour le patient, sans espoir de guérison. Alors pourquoi continuer à les prescrire ? Un exemple tout récent d’une dame de 93 ans, chez elle, bon pied bon œil, à qui on vient de déceler un cancer du sein. Pas de problème, mammographie, convocation au CHUV pour l’opération sans qu’on lui ait demandé son avis. Elle a dit NON avec l’aide sa fille, car il est difficile de dire Non à une convocation de l’hôpital… Un cancer du sein à cet âge met-il sa vie en danger plus que son âge avancé ?
Le patient tout comme le médecin doit apprendre lui aussi à se prendre en charge avec plus de responsabilité. Les hypocondriaques ne doivent pas être récompensés de leurs abus. Les médecins de famille doivent être réhabilités. Les visites aux urgences pour des petits bobos sanctionnées. Vite et tout de suite ne doit-il pas être réservé aux vraies urgences ? Les médecins arrêter d’exiger des consultations et prise de sang tous les trois mois, pour prescrire une ordonnance pour une maladie chronique. A chacun sa part. Et au politique d’oser aussi remettre l’église au milieu du village et dire non à tous ceux qui profitent du système de santé qui doit rester un bien commun. Pour assurer la cohésion sociale, c’est vital.
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