Natalité et vieillissement : un problème planétaire
- Fabienne Guignard
- 19 mars 2019
- 5 min de lecture

La population mondiale augmente, y compris en Suisse même si la croissante est moins forte. On le voit tous les jours au quotidien, dans les transports publics, sur les autoroutes, dans les aéroports, en vacances. L’être humain est partout. Et chacun doit pouvoir y trouver sa place, au propre comme au figuré. Cette augmentation coûte à la communauté "un pognon de dingue". ll faudra certes mettre un coup de pied dans la fourmilière des habitudes et traditions et se montrer un brin iconoclaste…C’est pas gagné et surtout cela demande du temps…
Impossible d’éviter quelques chiffres pour rafraîchir notre mémoire. Chaque année, il y a environ 89 millions d’habitants en plus sur la planète, soit 244'000 personnes par jour ou encore mieux, un peu plus que la population de l’Allemagne. Nous voilà ainsi sur terre, fin 2017, 7,5 milliards d’êtres humains. Les toutes dernières prévisions de l’ONU prévoient 9,8 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100. Des chiffres à faire peur.
On constate tout particulièrement une augmentation massive sur le continent africain mais pas seulement. L’Inde, l’Asie ne sont pas à la traîne. De récentes recherches apportent une vision un peu plus optimiste et vont jusqu’à annoncer une baisse de la population mondiale à partir de 2050. Fake news ? Petits rigolos ? Pas du tout. On y parle de la fécondité des femmes. On sait déjà celle des hommes en baisse dans nos pays industrialisés pour le moins.
L’éducation des femmes est une des principales solutions pour contenir l’expansion actuelle, en instaurant par exemple un planning familial généralisé en Afrique notamment. Un sujet jusqu’ici tabou aussi chez les hommes de ces régions, sans oublier la polygamie encore très fréquente qui a pour objectif de procréer à tout va pour assurer l’avenir financier des familles, car c’est bien là la raison. Sans compter le rôle de l’Eglise, qui sur ce sujet, n’a pas beaucoup le sens des responsabilités. Tout est donc fait, dans certaines parties du globe, pour augmenter le nombre d’enfants. Enfants qui sont en fait des sources de revenus pour les aînés, leur AVS en somme. Un concept de société, millénaire, qu’il est bien entendu difficile de modifier en un claquement de doigt. L’arrivée de la pilule contraceptive en Occident a bien sûr contribué dans les économies évoluées à la baisse de la natalité (et par ricochet diminué la mortalité enfantine) ; elle n’a pas seulement donné le droit à la femme de gérer son corps, mais aussi de décider quand et combien d’enfants elle enfantera. Ce qui a bouleverser nos sociétés.
Mais la population dans nos démocratie diminue, il faut bien trouver à compenser ce manque. L’immigration est donc devenue une nécessité. Angela Merkel a donc vu l’arrivée des migrants, surtout ceux qui étaient très bien formés, et ils étaient majoritaires, l’occasion à ne pas manquer pour son pays, avec les problèmes que l’on sait vu l'arrivée massive en un temps record.
Des citoyens, y compris européens mais au pouvoir d’achat limité, cherchent à trouver chez leurs voisins des chances d’améliorer leur situation personnelle. C’est ce qu’on fait les Grecs au moment de la crise. Comme les Espagnols et les Portugais. Ce sont ainsi des centaines de milliers de jeunes diplômés qui ont quitté leur pays au profit des économies plus florissantes. D’autres populations viennent au gré des circonstances les remplacer.
La Hongrie de Viktor Orban a choisi une autre voie. Plus conservatrice car en Hongrie la jeune génération fuit son pays aussi pour des raisons principalement économiques. Mais on le sait, pas d’immigrés musulmans chez Orban. La Hongrie doit rester chrétienne et européenne, dira-t-il… Alors ce sont les Ukrainiens, encore plus pauvres que les Hongrois, qui s’installent. Mais il y a une autre solution que le président vient de mettre sur la table : inciter les femmes à faire plus d’enfants par des baisses d’impôts significatives pour qu’elles restent à la maison. Durcir la loi sur l’avortement pour éviter les pertes humaines… Car le vieillissement de la population comme son augmentation coûtent cher à l’Etat. Qui va donc payer les charges sociales des aînés ? Quand il y en a bien sûr…

Et puis, il y a les problèmes de logements. On le voit en Suisse avec 8,42 millions d’habitants en 2017. Comment loger tous ces gens ? La LAT exige de déterminer les zones à bâtir mais pas trop… Il faut densifier et construire en hauteur. Les grandes villes asiatiques connaissent les conséquences de ces tours : moins de lumière au sol, appartement exigus. Il faut construire à plusieurs étages des passerelles pour se déplacer plus aisément. Les quartiers pauvres sont détruits. Où vont donc se loger leurs habitants ? Le développement économique est donc fondamental pour assurer la prospérité de tous ces gens. La Chine et les organismes économiques internationaux, se plaignent de ses 6 % de croissance du PIB. Pas assez… Cette croissance n’est plus suffisante pour répondre aux besoins de sa population et met en danger la croissance mondiale. L’Inde, comme l’Afrique, doivent proposer une société nouvelle à leurs citoyens, qui devra obligatoirement faire fi, peu ou prou, de leurs traditions ancestrales. A nouveau, deux mondes s’opposent et la modernisation, l’adaptation aux nouvelles exigences et qualité de vie a un prix. Un prix qu’il s’agira de payer. Qui et comment ? Là est la question.
Question infrastructures routières, ferroviaires, navales ou aériennes, le problème est tout aussi intense. Comme le trafic qui ne cesse de croître. Doit-on moins se déplacer ? Changer nos modes de vie de manière à utiliser davantage les transports publics, le covoiturage, louer son véhicule au gré des besoins ? Le M2 à Lausanne est déjà débordé. On sait qu’il faudra attendre 2025 pour de nouvelles rames. Les trains, il suffit de les utiliser pour voir le problème. Mais comment faire ? Des gares souterraines, comme vient de la proposer le député PLR Stéphane Masson, à l’EPFL ? Des tunnels façon des années 90 ? Bref personne n’a vraiment de solutions. Mais il faudra bien s’y coller…
Le vieillissement de la population, et les coûts de la santé qui s’y rapportent, apportent lui aussi son lot de complications. Vivre plus longtemps, pourquoi s’en priver ? Mais une fois de plus qui va passer à la caisse pour payer les prestations ? Nous voilà au bout du rouleau.
Mais peut-être faut-il tenir le coup jusqu’en 2050 ? Mais d’ici là ?
Sans compter l’alimentation. Différentes thèses à ce sujet aussi : ceux qui disent qu’il n’y aura plus assez à manger pour tous, donc favoriser une production alimentaire de masse, et les plus optimistes et créatifs qui affirment qu’il faudra manger autrement. Les insectes que les asiatiques adorent sont moins volumineux que les bovins et autres porcs. Mais pour des non-avertis, le passage à l’acte est peu ragoûtant.
Sans oublier les conséquences sur la pollution, les gaz à effet de serre, déchets nucléaires, déchets tout court qui ont des conséquences dramatiques et à long terme.
Bref, on le voit bien, cela touche tous les secteurs de la vie. Nous aurons l’occasion d’en reparler. Ce qui est sûr, c’est que les pouvoirs publics, les élus du peuple ne seront pas au chômage, car du travail il y en aura…Du courage aussi… Mais pour ceux qui aiment les défis, le jeu en vaut la chandelle… Un grand pas pour l’humanité !
Article paru dans TRIBUNe, février 2019
Comments