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Quand la finance s'emballe : grisant mais dangereux !

  • Fabienne Guignard
  • 9 mars 2018
  • 5 min de lecture

Personne ne voulait écrire sur le « devenir » des banques en Suisse et encore moins les banquiers. Tous les prétextes étaient bons pour contourner l’obstacle. Car le monde bancaire et financier a été tout particulièrement bousculé dans notre pays. Bousculé par la « suppression forcée mais néanmoins effective » du secret bancaire et par la mise en œuvre de la transmission automatique des informations (imposée par l’OCDE) pour sortir de la fameuse liste grise internationale des paradis fiscaux. Et les banques se sont adaptées avec une nouvelle politique : de moins en moins de comptes étrangers dans les banques suisses en Suisse et une expansion très forte de leurs activités de gestion de fortunes en Asie où les affaires sont très florissantes. Mais les Chinois s’organisent. Ils ne veulent plus restés dépendants des banques étrangères à l’extérieur de leurs frontières pour la gestion de leurs fonds. Ils créent leurs propres banques de gestion de fortune.

L’Union européenne se veut encore le chantre de la chasse à la fraude fiscale, s’érigeant parfois en « donneuse de leçon » (c’est son habitude). Dans ce contexte, notre pays reste une cible de choix. L’UE aime à taper sur le clou là où cela fait mal. Objectif atteint. Première mesure pour nous contraindre à un accord plus favorable sur nos échanges UE/CH : la création de listes, noire, grise et blanche, des paradis fiscaux, - non plus selon les critères de l’OCDE ou du G20 que nous remplissons -, mais une liste nouvelle « qui lave plus blanc que blanc », selon des critères exclusivement européens. Et voilà donc notre pays à nouveau sur une liste grise établie par nos partenaires commerciaux privilégiés… Peu d’effets contraignants pourtant mais le symbole est fort d’autant plus que ces critères plus exigeants ne s’adressaient pas aux pays membres de l’UE qui ont des pratiques semblables aux nôtres : les Pays-Bas, le Luxembourg, Malte notamment. Mais cette "compréhension" serait en phase d'être changée.

Il y a une deuxième mesure d’un grand danger si elle devient effective : une limite d’équivalence d’une année en matière de ventes et d’achats de titres européens dans les bourses helvétiques. Le Conseil européen vient d’approuver, un peu vite manifestement, cette mesure d’exception. Quelques pays influents comme l’Allemagne et l’Autriche n’y sont plus très favorables et pourraient infléchir la décision. La mesure peut faire très mal. En d’autres termes, l’UE cherche à nous sortir du jeu par « rétorsion politique », osons le mot.

Le monde bancaire et financier international lui aussi est complètement bouleversé. Depuis une crise aux rebondissements planétaires… Il subit aussi de plein fouet la mutation numérique de ses activités. Le métier change à vitesse grand V. N’en maîtrisant pas vraiment tous les aspects. Des pratiques, des produits financiers encore assez opaques, d’une complexité telle que peu de gens y comprennent vraiment quelque chose. Des robots-conseillers remplacent de plus en plus le conseiller de banque traditionnel, le bitcoin et les près de 1200 monnaies cryptées concurrence la monnaie traditionnelle. La Suisse deviendrait leader en la matière alors que d’autres états luttent contre cette évolution de monnaie parallèle, non contrôlée donc non contrôlable. La Suisse décidément semble attirée par le secret qui prend des formes nouvelles. Le recours à une technologie grandissante n’avait aucune raison de ne pas s’infiltrer dans ce secteur d’activités des plus lucratifs que le cours des changes.

La finance dite virtuelle est devenue au fil du temps le maître du jeu au détriment de l’économie réelle qui doit trouver de nouveaux financements tant la gestion des risques par les établissements financiers a diminué les crédits aux entreprises. Cette « nouvelle finance spéculative » satisfait aux besoins des clients par une meilleure rentabilité. Une finance qui ne produit rien concrètement mais qui rapporte. Chacun devenant, selon ses moyens, un acteur actif des échanges de titres, fonds de placements ou produits structurés dont on ne connaît pas réellement les effets. Le cas des "subprimes" en est un exemple flagrant. Et tout d’un coup, tout s’écroule et c’est la crise financière qui tisse sa toile sur la planète entière suivie d’une crise des dettes souveraines car les Etats sont venus au secours de leurs banques. Le jour noir du Krach de 29, de 2008, tout le monde s’en souvient.

Alors quand, tout récemment, la bourse de Wall Street s’affole, les autres places boursières suivent le mouvement tel un domino. Un nouveau krach ? Non, parlons de correction du marché… Cela rassure. Mais qui corrige ce marché ? Les investisseurs bien sûr mais sont-ils toujours ceux que l’on croit ? La finance d’aujourd’hui n’est plus faite de traders arrogants qui font et défont des fortunes et qui au passage s’assurent des revenus et bonus extravagants. Les traders sont aujourd’hui principalement des « Quants », ces analystes, mathématiciens, statisticiens, physiciens qui créent des algorithmes extrêmement sophistiqués qui vont décider, selon des critères préétablis, de vendre ou d’acheter des titres. La plupart n’y connaissent rien en finance ni en bourse. Plus besoin. Goldmann Sachs envisagerait à terme de n’avoir que des robots-conseils. Certaines ventes et achats se comptent en nanosecondes, ce qui peut expliquer des réactions nombreuses à la chaîne. Difficile à concevoir mais pourtant bien réel. Ces robots à l’intelligence artificielle exponentielle n’ont pas de sentiments, ni peur, ni trop le goût du risque mais ils ont été clairement élaborés pour réagir à toutes les possibilités. Enfin on l’espère.

Les activités bancaires faisant principalement ses profits dans le domaine financier, l’économie réelle, elle, avait besoin de nouvelles sources de financements. Sont ainsi apparus le « Crowdfunding », le « Crowddonating » et le « crowdlending », des financements dits participatifs qui, par le biais de plateformes informatiques, permettent à des internautes de financer des projets ou des produits qui les intéressent sous forme de dons, par l’introduction au capital ou sous forme de prêts. En Suisse, fin 2017, on dénombrait par exemple plus de 50 plateformes dédiée à ce marché du financement alternatif qui intéressent aujourd’hui les banques traditionnelles. Une tendance en forte hausse mais qui reste encore une goutte d’eau en comparaison des prêts traditionnels : CHF 1'076 milliards en Suisse en 2015.

La finance virtuelle n’a ni cœur ni âme. Elle répond à des exigences uniques de rentabilité à court terme. C’est le concept même. Alors les mauvaises nouvelles sont toujours espoir de gros profits : restructuration d’entreprises, fusions-acquisitions, licenciements sont perçus comme des sources de gains possibles à haut rendement. Les bonnes nouvelles, par contre, font moins rêver les investisseurs/robots. Une bonne santé économique laisse moins de place aux profits immédiats, la hausse des salaires fait craindre une hausse de l’inflation et une hausse des taux d’intérêts et là moins d’argent à la clé. Et c’est la chute, à rebours du bon sens dirait ma Grand-mère. Le pire, c’est que tout le monde le sait, jusqu’au prochain krach…

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