Le temps de l'inaction par manque de stabilité politique
- Fabienne Guignard
- 19 févr. 2018
- 2 min de lecture

On ne peut que s’inquiéter de la faiblesse des grandes démocraties à s’adapter institutionnellement aux votes de leurs électeurs. Elles se trouvent dans l’incapacité de décider et d’agir faute de majorité.
L’heure du consensus est venue pour ces pays. Mais le consensus prend du temps, le temps de l’inaction en l’occurrence quand le système électoral n’est pas adapté à la nouvelle donne électorale, celle du multipartisme. Et du temps, elles n’en n’ont pas beaucoup.
L’Italie vit depuis un an avec un gouvernement « technique » sans autre objectif que d’organiser de nouvelles élections nationales qui auront lieu le 4 mars. Les Pays-Bas ont mis six mois à composer leur nouvel exécutif de coalition. Six mois c’est moins que les presque deux ans de vacance gouvernementale en Belgique il y a quelques années. L’Espagne et ses élections successives anticipées a choisi depuis un an de vivre avec un exécutif minoritaire, en pleine crise catalane. L’Autriche aura mis moins de temps pour se mettre d’accord mais avec quel résultat sans oublier la Grande-Bretagne où Theresa May doit compter sur un groupe de députés minoritaire pour rester en place. C’est aujourd’hui au tour de l’Allemagne que de se trouver embourbée. Pas de gouvernement avant le printemps car les socio-démocrates ont accepté de justesse une nouvelle coalition mais pas à n’importe quel prix. Six mois pour finaliser un accord… Et d’ici là, tout le monde en Europe et ailleurs attend. Et ce n’est pas une bonne nouvelle. Les Etats-Unis vivent de plus en plus régulièrement sans budget (c'est le shutdown), avec près d’un million de fonctionnaires qui peuvent se retrouver en chômage technique. Un moyen de pression efficace mais peu rassurant pour trouver des consensus sous la contrainte.
En Suisse, on observe cet attentisme avec amusement et stupeur. La Suisse doit une partie de sa prospérité à sa stabilité politique qui lui permet de garder le cap, de moins céder aux pressions extérieures, en respectant l’avis de son peuple. Une stabilité qui, on le voit bien ailleurs, ne va pas de soi. On rit souvent de la lenteur helvétique à l’étranger. Peut-être y a-t-il aujourd’hui un peu plus de regards attentifs sur notre système politique. Peut-être pourrons-nous même en inspirer quelques-uns…
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