On mange quoi ?

Un dicton populaire dit qu'une femme gardera toujours son mari en lui faisant de bons petits plats... Une petite fondue de derrière les fagots, une bonne blanquette de veau, des sushis faits maison, des spaghettis vongoles ou la dernière recette d'un chef étoilé ? Mais il devient de plus en plus difficile aujourd'hui d'apprécier nos assiettes tant les recommandations des uns et des autres jettent sur les aliments que nous dévorons un regard pour le moins contrasté. En résumé, on ne sait plus très bien quoi manger...

Trop de sel, trop de sucre, trop de gras, cinq fruits et légumes par jour mais pas n'importe lesquels, un jus de fruit chaque matin, mais pas trop acide, pas plus de deux oeufs par semaine, mais non un tous les matins, à la coque avec des mouillettes. Non les flocons d'avoine c'est mieux.

Attention nouveau : les carottes c'est peut-être bien cancérigène... Vivent les anciens légumes dont on ne sait pas encore s'ils sont néfastes ou pas. Pour un temps. Manque de fer et de magnésium mais attention au poisson. La viande ? Pleine de toxines et surtout si elle est recomposée, on ne sait plus très bien la quantité d'os, de nerfs qui ont été concassés puis solidifiés à nouveau. Des petites gélules ? Pourquoi pas mais pas trop. Une petite de foie de morue en hiver c'est bien. Une pomme, pas mal mais elle n'a plus beaucoup de qualités nutritives à force d'avoir été "mariée" pour qu'elle soit belle, ronde, ni trop petite ni trop grande. Vous prendrez bien un peu de lait ? Non, le lait c'est allergène. Mince le gluten aussi. Bref faire la cuisine devient un parcours du combattant. Les hypocondriaques ont peur de la petite bactérie qui se glisse partout. Les cantines scolaires craignent comme la peste l'intoxication alimentaire. Combien de temps pour consommer un yoghurt ? Se fier aux dates de consommation ? Vraiment ? Non c'est du marketing ?

Alors il y a ceux qui osent se lancer dans un repas qui fait plaisir. Sans se poser de question. En général, ça marche. On le digère mieux...

Paru dans TRIBUNe novembre 2017