Guerre diplomatique

La Suisse n’est pas encore à la fin de ses soucis institutionnels. L’initiative du 9 février n’a toujours pas connu son épilogue sur le plan international et ce ne sont pas les dures négociations entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne qui vont nous faciliter la vie et nous guider sur une voie plus conciliatrice. L’Europe n’aime pas ceux qui lui résistent, lui font de l’ombre ou décident de la quitter. Pourtant les choses pourraient être plus simples dans l’intérêt de toutes les parties. Mais on le voit bien, l’UE préfère la rigueur et les principes à la volonté de consensus et d’arrangements réciproques.

La mise sur liste grise de la Suisse par l’UE dans le domaine fiscal, va dans ce sens, même si les effets concrets sont quasi nuls. Elle vise clairement à renforcer les pressions sur notre pays et le milliard de cohésion, à renouveler, montre aussi la volonté de nos voisins de nous faire plier. Jean-Claude Juncker ne cherche pas du tout à faciliter les choses… Il ne le fait jamais.

La Commission ne vient-elle pas de demander (les pays membres l'ont ratifié avant Noël) à changer les règles du jeu en matière de bourse, limitant à une année le droit pour notre pays de vendre ou d’acheter des actions européennes à la bourse de Zurich. Ce n’est pas une mince affaire que cette restriction pour une place financière de l’importance de la Suisse.

Ignazio Cassis rencontrait il y a quelques jours pour la première fois son homologue français Jean-Yves Le Drian pour lui faire part du mécontentement de notre pays et jouer l’apaisement tout à la fois. La diplomatie helvétique doit ainsi faire preuve de son plus grand talent. Mais le combat n’est pas simple. Jusqu’à Jean-Luc Mélenchon qui s’est lancé dans une diatribe contre notre pays le nommant de zone de non-droits. La France insoumise n’est pas celle d’Emmanuel Macron mais cela en dit long tout de même sur les difficultés que peuvent rencontrer des pays néanmoins amis… Ignazio Cassis connaît donc son baptème du feu. Il doit réussir.

Paru dans TRIBUNE en décembre 2017