OUI à la sécurité alimentaire
- Fabienne Guignard
- 30 août 2017
- 3 min de lecture

DU CHAMP A L'ASSIETTE
Lorsqu’une initiative au plan fédéral récolte en moins de 5 mois 100'000 signatures validées, c’est que le sujet intéresse au plus haut point les citoyens. C’est ce qui est arrivé avec l’initiative lancée par l’Union suisse des paysans (USP) sur la sécurité alimentaire.
Avec le slogan « du champ à l’assiette » ou encore « de la fourche à la fourchette », l’initiative a fait mouche. C’est pourtant un contre-projet, concocté par le Conseil des Etats, qui sera finalement soumis au peuple suisse le 24 septembre prochain. L’USP s’est ralliée à cette proposition plus précise que le texte initial en retirant sa propre initiative. Ce contre-projet définit ainsi un concept global de sécurité alimentaire dont la définition se résume ainsi : « L’accès de la population à des aliments en suffisance, de qualité et accessibles à tous les portemonnaies » dira Johann Schneider-Amman en charge du dossier.
Faut-il pour autant modifier la constitution pour ce faire ? La réponse affirmative du Conseil fédéral montre l’intérêt stratégique de cette démarche pour l’avenir de notre pays. En effet, de nombreux bouleversements doivent être pris en compte, notamment le réchauffement climatique et des récoltes plus aléatoireS, l’augmentation d’ici 2050 de la population suisse d’environ 2 millions d’habitants. Des habitants qu’il nous faudra nourrir et de bonne manière.
Le contre-projet précise ainsi les cinq points fondamentaux nécessaires pour assurer l’approvisionnement du pays à l’avenir en impliquant tous les maillons de la chaîne alimentaire (d’où le slogan du champ à l’assiette) : préserver les terres agricoles, éviter le gaspillage de ressources naturelles (alimentaire, eau, etc), favoriser la production locale en prônant une alimentation durable et réfléchie, respectant les saisons et la qualité. Favoriser des relations commerciales (conditions d’importation et d’exportation) avec l’étranger pour assurer les 40% de l’approvisionnement alimentaire dont nous avons besoin et aurons impérativement besoin tout en assurant un développement durable de notre agriculture.
Si le citoyen attache autant d’importance, et de plus en plus, à son alimentation, inquiet par quelques scandales y compris récents avec les œufs contaminés hollandais, il est évident que la sécurité alimentaire n’est plus à prendre à la légère même si l’USAM et l’UDC se retrouvent seuls à trouver inutile toute nouvelle législation en la matière. Au nom de la liberté du consommateur paraît-il, qui serait mis sous tutelle… Invoquant la nécessité de lutter contre l’immigration pour éviter d’intensifier le libre-échange avec l’UE dont on sait qu’ils ne veulent plus. Mais ils sont les seuls à ce jour à contrer ce qui est un pas dans la bonne direction. « Cet arrêté permet un choix de société », dira le conseiller national PLR Jacques Bourgeois, directeur de l’USP. Le peuple suisse aura ainsi l’occasion de choisir son camp.
Mais d’autres initiatives plus extrêmes sur le thème de l’alimentation viendront poindre leur nez très prochainement, en automne déjà, puisque l’initiative des Verts « pour une alimentation équitable » sera à l’ordre du jour des chambres fédérales. Ensuite l’initiative d’Uniterre « pour la souveraineté alimentaire », sans oublier celle « pour la dignité des animaux de rente agricoles » et une dernière initiative en cours de récoltes de signatures « pour une Suisse libre de pesticides de synthèse ».
Alors OUI, le contenu de notre assiette n’est plus un détail. Cet arrêté n’est pas une « votation pour du beurre » comme l’a pourtant titré Le Temps le 29 juin dernier, même « s’il n’est pas prévu d’importantes modifications des lois ces prochaines années en cas de oui », comme l’a indiqué Schneider-Amman. Le PLR recommande de voter OUI le 24 septembre prochain.
Article paru dans TRIBUNe août 2017
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