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Le coût économique du réchauffement climatique

  • Fabienne Guignard
  • 30 juin 2017
  • 5 min de lecture

Pourquoi s’occuper du climat n’est pas un hobby de quelques écolos éclairés…

Le monde politique au plus haut niveau se préoccupe du climat, du sommet du G8 à celui du G20, jusqu’au Vatican où le Pape François rédigea en 2015 son encyclique « Laudato si » considérant le climat comme un « bien commun ».

La décision récente du président TRUMP de sortir les USA de l’accord mondial sur le climat (COP21) déchaîna contre lui toute la communauté internationale comme celles de nombreuses villes et Etats de son propre pays. « Le retrait américain ne changera rien sur la nécessité d’avancer ; la communauté internationale appliquera cet accord, UE, Chine, Inde, Canada, Brésil (les plus gros pollueurs) compris, mieux ce refus suscitera l’envie et la volonté d’aller plus loin encore dans les mesures à adopter », diront les chefs d’Etats et de gouvernement du monde entier, Européens en tête.

L’Amérique de Trump est aujourd’hui bien seule ce qui n’était pas le cas lorsque son prédécesseur républicain, George W. Bush avait refusé de signer le protocole de Kyoto il y a dix ans sous l’influence déjà des lobbies du charbon et du pétrole, comme Exxon. Retournement de situation. Exxon, dont le président il y a encore cinq mois était l’actuel Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères, Rex Tillerson, insiste pour rester. En vain. En dix ans les choses ont changé. Trump et ses proches conseillers (comme Steve Banon) ne l’ont pas compris. L’Amérique ne veut pas payer pour les autres, ni participer au Fonds vert (100 milliards par an jusqu’en 2020) pour aider les pays pauvres à appliquer des mesures nécessaires à leur survie. On pense aux nombreux pays d’Afrique, aux milliers de petites îles du Pacifique. On pense forcément aux nombreux réfugiés climatiques annoncés par dizaines de millions. Il y en a déjà plus de 80 millions recensés depuis 2011. On parle de 250 millions en 2050. Les maladies infectieuses, telles le paludisme, le choléra font à nouveau leur apparition de manière effrénée. On le constate au Yemen mais aussi dans plusieurs Etats du du Sud des Etats-Unis.

La pauvreté extrême va elle aussi exploser d’ici à 2030. Le président de la banque mondiale, Jim Yong Kim, prévoit 100 millions de personnes qui vont basculer dans la survie, par diminution des récoltes due au manque d’eau principalement. Avec comme corollaire l’augmentation des prix des produits alimentaires. L’ONU estime à près de 600 millions de personnes pouvant souffrir de malnutrition d’ici 2080. La guerre de l’eau a déjà commencé (voir dossier TRIBUNe sept. 2016).

Alors soyons clairs, si l’accord de la COP21 est confirmé et sera appliqué, même dépassé, cela répondra davantage à des réalités économiques pour les pays industrialisés qu’à un profond désir de sauver la planète et l’humanité. On peut le regretter mais c’est un fait. Les énergies renouvelables, sous leurs formes les plus diverses, sont aujourd’hui sources de profits. De gros profits. Et créatrices d’emplois. Ces fameux emplois verts qui ne sont pas un « joujou ». Raison pour laquelle, de grandes entreprises, de très nombreuses start-up partout dans le monde, américaines aussi, ne lâcheront pas l’accord de Paris. Chacune se battra pour rester concurrentielle. Le marché est dorénavant mondial. La recherche et développement aussi. Le Maroc, l’Espagne ont déjà des parcs photovoltaïques gigantesques et sont des modèles.

La Chine le plus gros émetteur de CO2 (20,09%), devant les Etats-Unis (17,89%), la Russie (7,53%), l’Inde (4,10%), le Japon (3,79), le Brésil (2,48%), l’Allemagne (2,56), le Canada (1,95%) est aujourd’hui aussi au 1er rang de l’éolien en puissance installée et 2ème en production d’électricité par ce biais. La Suisse par comparaison émet 0,14% de C02. Peu encline, lors du protocole de Kyoto, à faire des efforts tant elle avait besoin d’assurer son développement économique, la Chine a été rattrapée par la réalité catastrophique du pays en matière de pollution de l’air notamment. Elle se fait le chantre aujourd’hui de la lutte contre le réchauffement climatique comme celui du libre-échange. Le discours du président Xi Jinping au Forum de Davos de 2017 avait époustouflé le monde entier.

La Chine veut intensifier la puissance sa productive notamment de panneaux photovoltaïques. Elle est déjà leader mondial en la matière. L’innovation dans les domaines des énergies renouvelables va s’intensifier. Et Trump en s’attachant à sauver les mineurs du charbon de son pays ne mise pas sur le bon cheval. Mais son économie réelle sera plus forte que lui-même même s’il a décidé de réduire aussi dans son pays les subventions à la recherche y compris à l’ONU et au GIEK (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) et les incitations à favoriser les mesures anti réchauffement. Les Européens, les asiatiques auront-ils désormais envie de favoriser à l’avenir des produits américains? Les entreprises américaines ont, elles, bien vu le risque de l’isolationnisme et feront tout pour contourner l’obstacle.

Selon un dernier rapport, le réchauffement climatique pourrait entraîner un coût économique de 5 500 milliards d’euros (générations présentes et futures). En 2007 déjà, le Fonds mondial pour les monuments (WMF) indiquait le réchauffement climatique comme une menace pour une centaine de sites ou chefs d’œuvres architecturaux plus importante que les destructions provoquées par des guerres ou confits politiques (Palmyre par ex.)

De grands patrons de l’assurance s’inquiètent aussi. Selon Munich Re, de 1980 à 2011, 820 milliards d’euros ont été dépensés pour réparer des catastrophes climatiques aux Etats-Unis. Avec 30 000 morts. Le président d’Axa en 2015 lors du Business Summit for Climate disait : « Un monde à +2°C pourrait encore être assurable, un monde à +4°C ne le serait certainement plus ». Selon un rapport de la banque mondiale de 2013, « les pertes et dommages annuels liés à des événements climatiques sont passés de 50 milliards dans les années 80 à près de 200 milliards au cours de la dernière décennie ».

Mais pas folle la guêpe. Les dirigeants n’ont pas été à se tirer une balle dans le pied. Il ne s’agissait pas dans l’accord de Paris d’empêcher la vivacité du commerce. Modifier radicalement le mode de vie des citoyens n’est pas une option que des dirigeants, surtout démocratiquement élus, ont envie de proposer à leurs électeurs qui ont souvent de la peine à se projeter dans le futur. L’accord de Paris ne touche pas , par exemple, à deux secteurs pourtant fort pénalisants en matière de CO2, à savoir l’aviation et le transport maritime international qui représentent 8% du total des émissions mondiales. On parle même de 39% en 2050. Impossible de trouver dans l’accord non plus une quelconque responsabilité rétroactive des grands pays industrialisés. Donc aucune compensation pécuniaire si ce n’est la participation volontaire au fameux Fonds vert. 16 milliards à ce jour sont venus remplir la caisse…La manne des pays émergeants est aussi la bienvenue, une manière de participer aujourd’hui aux dégâts futurs.

La végétation va sous nos contrées aussi être touchée notamment la culture du vin, fleuron économique européen. La vigne ne serait plus viable ni à Bordeaux, ni en Bourgogne, ni en Italie ou en Grèce. Les pays du Nord pourraient-ils devenir les futurs plus grands producteurs de nectar ? Même nos montagnes, les massifs montagneux comme les Alpes, seront bouleversées par des pans entiers, qui sous l’effet de la chaleur, s’effaceraient. La Suisse, sur le continent européen, sera touchée plus que la plupart des autres pays par le réchauffement climatique. Les 1,5% seront bientôt atteints.

Notre survie économique sur le long terme dépend des décisions que nous prenons aujourd’hui. Les pays qui n’arriveront pas à se projeter assez loin dans le futur auront à coup/coût sûr à le regretter. Mais ce sera trop tard… Il faut surtout le faire ensemble et de manière coordonnée. C’est à cela que serviront les futurs COP 21, 22 et suivantes.

Article paru dans TRIBUNe, juin 2017

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