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Les GAFAS : ces entreprises aussi puissantes que des Etats. Trop puissantes ?

  • Fabienne Guignard
  • 7 juin 2017
  • 5 min de lecture

Le problème avec la technologie digitale, c’est que l’on est vite dépassé. Même en ce qui concerne l’appellation de certains géants du numérique qui se font rattraper voire dépasser par des petits nouveaux devenus à leur tour très grands. Ceux qui pensaient en parlant des GAFA qu’ils faisaient preuve de modernité, sont en fait déjà ringards. Les GAFA, c’étaient tendance en 2010. En 2015, c’étaient les NATU qui faisaient l’actualité. En 2017, on parle des BATX asiatiques qu’on avait tendance, par erreur, à ne pas mentionner dans les nouveaux grands puissants. Puissants de la finance, puissants de la technologie et de la recherche, puissants de l’intelligence artificielle et des algorithmes, puissants du marketing et de la fidélisation. Et surtout puissants de la vente tous azimuts.

Qui sont-ils au juste ces révolutionnaires ? G pour Google, A pour Apple, F pour Facebook (et ses dérivés), A pour Amazon. Certains rajoutent un M pour Microsoft. Voilà donc les fameux GAFA. Netflix, Airbnb, Tesla et Uber sont les NATU. Parlons enfin des BATX, peu connus chez nous mais hyperpuissants chez eux et aussi chez nous mais peu le savent encore. Ce sont les asiatiques chinois et coréens : B pour Baidu, A pour Alibaba, T pour Tencent et X pour Xiaomi. Rajoutons le S pour Samsung. Et là, on a les principaux monstres qui ont envahis nos petites vies quotidiennes et professionnelles. Des monstres gentils pour les utilisateurs que nous sommes tous. Convivialité, partage, gratuité comme maîtres-mots à penser et à vivre. Mais véritables plaies potentielles sur la durée que certains déjà tentent de panser…

Car ces révolutionnaires des temps modernes ont déjà commencé avec succès à révolutionner aussi bien la manière de faire des affaires que la façon d’organiser le travail. Alors pour des jeunes du monde entier, qui n’ont pour la plupart connu que la crise économique, se réfugier dans des entreprises au visage humain sur le plan managérial est une tentation à laquelle ils ne peuvent résister. Google est l’employeur de rêve de cette génération… Une hiérarchie horizontale, favorisant la créativité et la responsabilité individuelle. Ce qui n’est pas le cas au plan stratégique où la hiérarchie est au contraire extrêmement centralisée, voire autocratique (hors USA, c’est la valse des directeurs européens…). Priorité commerciale : fidélisation des collaborateurs d’abord à qui on offre des services utiles, sur place. L’employeur de facto entre dans la gestion de leur vie privée. Une intrusion exponentielle accueillie avec le sourire. Et ensuite, avant la vente proprement dite, fidélisation de leurs clients en créant le besoin. Très vite les centaines de millions d’utilisateurs ne peuvent plus se passer de leurs services. Les voilà enfin clients et « accros »… Et c’est à ce moment-là que ces révolutionnaires des affaires commencent à gagner de l’argent. Des sommes colossales. Google a par exemple une valeur boursière égale au PIB de l’Argentine. Bien plus que le PIB danois (303 milliards de dollars). Le quatuor des GAFA ($ 1 675 milliards) pèserait plus lourd que l’ensemble des entreprises cotées au CAC 40 français ($ 1 131 milliards).

Ces entreprises ont pour les conseiller les meilleurs experts mondiaux dans tous les domaines. Aucun « bisounours » au sommet de la hiérarchie. Alors, les avocats-conseils, fiscalistes du monde entier, leur montrent en toute légalité les failles juridiques des pays en matière d’impôts, de règles européennes ou autres. Et là aussi ils sont les rois du monde… Ils en profitent jusqu’à la moelle sauf que maintenant, y compris dans les pays industrialisés, les bourses publiques se vidant à grands pas, les pays à la dette abyssale ou sur le point de l’avoir, comprennent qu’il s’agit maintenant de réagir. Les cadeaux à grande échelle, ce n’est plus possible. La régulation de ces nouveaux géants commence gentiment. Mais rien n’est encore gagner. C’est là que les lobbys entrent en jeu. Et les lobbys des GAFA et NATU sont d’une redoutable efficacité car en bons gestionnaires des RH, ils débauchent à tout va. Où ? Dans la fonction publique, les institutions, chez leur concurrents. Voilà donc la guerre de l’intelligence économique qui se concrétise. On paie cher les petits secrets d’affaires…

Le programme PRISM de la NSA aux USA, chargé initialement d’assurer la sécurité du pays, s’est vite transformé, grâce à l’utilisation de ces géants de l’information et du net, en un service efficace d’espionnage généralisé du monde entier. On se rappelle tous des grandes oreilles de Google dénoncées par Edouard Snowden et Wikileaks. Le risque d’un marché noir d’informations stratégiques est bien réel. Sans oublier leur responsabilité dans la sécurité et la propagation du terrorisme. Mais c'est là un autre problème encore...

Depuis peu, la tentation est grande pour certains pays de moyenne importance de se rapprocher de ces grandes puissances financières de manière à favoriser leur croissance nationale. C’est ce que vient de faire le Danemark en créant pour la première fois un poste de diplomate exclusivement réservé aux négociations avec les géants du digital : fiscalité, protection de la vie privée, propriété intellectuelle, investissements, etc. Le ministre danois des Affaires étrangères dira même : « Dans le futur, nos relations bilatérales avec Google seront aussi importantes que celles que nous entretenons avec la Grèce ». Encore heureux qu’il n’ait pas dit « plus importantes »…

Voilà pour beaucoup d’observateurs un « précédent inquiétant » à traiter des entreprises comme des Etats au risque de les considérer comme puissances politiques, pire de les assimiler à l’Exécutif d’un pays. Les quatre grands patrons des GAFA doivent-ils être les « alter ego » de Donald Trump, Angela Merkel, Emmanuel Macron ou Xi Jinping ? Les reconnaître comme acteurs diplomatiques changerait les règles du jeu. N’oublions pas leurs réserves financières gigantesques que les Etats n’auraient pas, avec un apport de cash immédiatement disponible pour racheter tout concurrent qui viendrait à leur faire de l’ombre. Que dire d’une valise diplomatique remplie d’informations confidentielles sous cachet d’immunité ?

Le modèle nouveau de l’économie numérique marque aussi les limites de l’ultra libéralisme : les employés deviennent des auto-entrepreneurs, fin du salariat, responsabilisation individuelle, liberté revalorisée, des entreprises virtuelles en quelques sortes. Mais sans régulation, le rêve peut se transformer en cauchemar : Une société clivée, inégale, sans cohésion sociale. Une société oligarchique où une minorité de « sachants» prennent le pouvoir face à une majorité de personnes vivant dans la précarité et dépendantes au quotidien des prestations offertes par leur nouvel ami, guidé par des algorithmes de plus en plus pointus dont le but ultime est bien de réprimer toute révolte dans l’œuf. Une société où les entreprises maîtresses ne possèdent rien : pas de voitures, pas d’immeubles, peu d’employés… Ce sont des intermédiaires, des facilitateurs, des commerçants. Un point. Mais dont on ne peut plus se passer tant ils ont su répondre aux besoins quotidiens des gens. Des fins limiers de la psychologie humaine que ces dirigeants, passablement autocrates, qui en matière de gestion des affaires ont oublié le principe principal de leur valeur initiale: le partage.

Ces entreprises ne doivent en aucun cas prendre le pas sur les Etats. La démocratie a pour priorité le bien collectif ce qui n’est absolument pas celle des GAFA, NATU et autres BATX dont l’unique objectif, c’est de gagner de l’argent. Les puissances financières ne doivent pas prendre le pas sur la Res Publica. Jamais…

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