Démocratie, c'est fini...
- Fabienne Guignard
- 28 févr. 2017
- 2 min de lecture

Qui aurait pensé il y a encore quelques années que nous aborderions dans TRIBUNe un dossier consacré à la fin possible de la démocratie tant le modèle semblait inaltérable. Ne faisons pas de déni de réalité : la démocratie est en danger.
En Occident, elle est poussée à l’extrême. Chacun peut dire ce qu’il veut, à tout bout de champ. On manifeste, on « Nuit deboutise ». Des mouvements sociaux deviennent partis politiques, les partis traditionnels sont mis au pilori. Les forces politiques se transforment. Un juge isolé peut à lui-seul avoir le même poids qu’un peuple entier. Le citoyen porte plainte contre les autorités. La parole du peuple est de moins en moins celle de la raison, ni de l’équilibre. Mais celle où le politiquement correct est banni, celle où l’on peut accuser, juger sans preuves, dans la rue, sur les réseaux sociaux. Celle où l’on insulte, humilie sans vergogne. L’opinion publique est le nouveau parti majoritaire. Pour définir ce phénomène, on parle de « démocrature », en d’autres termes la dictature du peuple. Et le peuple quand il est lancé ne met jamais en place des « bisounours ». Le chef populiste est rarement partageur… Il a tendance à l’autoritarisme. Et c’est potentiellement la fin…
Poussé dans ses retranchements, le peuple valorise de plus en plus le blanc ou le noir. Le monde devient dichotomique : on est pour ou on est contre, mais la démocratie, c’est l’inverse de la dichotomie, c’est la pluralité, le respect des minorités, le respect de l’autre, l’équilibre des forces, la cohésion sociale, une prospérité partagée. C’est l’intérêt général.
Le peuple a besoin d’être respecté, écouté. Le consensus, cela sert à cela. La démocratie helvétique, je le dis souvent, devrait inspirer. Mais nous sommes trop petits, trop riches, trop tout en fait. On ne nous aime pas vraiment. On nous jalouse, on nous gausse. Pire on ne nous connaît pas. Alors notre modèle ne sera pas exporté. Et c’est bien dommage car il est sans contexte un produit à très haute valeur ajoutée.
Edito paru dans TRIBUNe, février 2017
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