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USA, Chine, Europe : Une grande partie mondiale s'engage

  • Fabienne Guignard
  • 7 févr. 2017
  • 5 min de lecture

L’arrivée pour le moins tonitruante de Donald Trump sur l’échiquier politique, économique et social mondial a mis sur la table, et sans tabous, des sujets que l’on n’évoquait jusqu’ici uniquement derrière des portes closes, à mots couverts ou carrément pas : le recours au protectionnisme, la fin du multilatéralisme, l’OTAN et son financement, la mondialisation et la désindustrialisation en Occident, la relance par les investissements publics, le dumping fiscal, etc. Il est question pour lui de modifier notamment les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et remettre en question des décisions du G20 et de l'OCDE.

Favorisant le protectionnisme, il veut réindustrialiser son pays en pénalisant les entreprises américaines qui vont faire du business à l’étranger à moindre frais. Il veut remettre l’économique réelle sur le devant de la scène. A-t-il vraiment tort sur tout ?

L’Europe semble tétanisée. Presque dans le déni de réalité malgré quelques interventions fortes de Donald Tusk et François Hollande. Devant l’atonie de l’UE, l’incapacité de ses Etats membres à se mettre d’accord pour sauvegarder leurs intérêts communs, les autres grandes puissances se préparent à se partager les territoires laissés en friche. La Chine, les Etats-Unis et la Russie (suite aux sanctions) ne veulent pas d’une Europe forte et font tout pour l’affaiblir.

L’Europe et ses 500 millions de consommateurs seraient aujourd’hui plus une proie qu’un prédateur

Donald Trump a déclenché, pour atteindre ses objectifs, une guerre de communication. La loi du plus fort, l’intimidation, le chantage sont ses outils de prédilection. Méthodes utilisées d’ailleurs avec succès par les créanciers de la Grèce... L’économie est pour lui une succession de deals bilatéraux. Et la politique doit s’inscrire aussi dans cette logique. Le recours systématique aux sanctions financières aura des effets positifs à court terme sur l’économie américaine car il propose en même temps de baisser les d’impôts significativement pour les entreprises sur sol américain. 2017 sera donc, dans tous les cas, une bonne année économique pour les USA. Il menace d’une main mais il donne de l’autre… Les mesures protectionnistes n’auraient d’effets négatifs que l’année suivante au mieux. Pas sûr non plus que les grandes entreprises américaines du digital, très exportatrices, se priveront si facilement d’un marché européen consommateur ni du marché chinois dont la consommation intérieure en effervescence assure l’augmentation de leurs parts de marché. Trump veut-il lancer une guerre économique mondiale ? Pas sûr. Mais replacer l’économie réelle, donc l’industrie dans le jeu économique, en lieu et place d’une finance débridée dont on connaît les effets dévastateurs, est le programme pour lequel il a été élu.

Trump est un entrepreneur avant d'être un financier même

s'il sait très bien compter. Il lui faudra apprendre la démocratie.

Mais le veut-il ?

Alors oui, la « ré industrialisation » de son pays est pour Trump une évidence. Thesesa May en Grande Bretagne va d’ailleurs dans le même sens. Il proposera les incitations nécessaires de manière à modifier les stratégies commerciales des grands patrons industriels américains et étrangers. Il acceptera aussi que de grands groupes européens viennent s’installer aux Etats-Unis pour autant qu’ils assurent des postes de travail. Cette « ré industrialisation » serait d’autant plus aisée qu’elle est portée par la révolution industrielle digitale. Sont en train de se créer un peu partout dans les pays développés des usines d’une nouvelle génération, dites « usines du futur ». L’l’impression 3D, la production robotisée, connectée, automatisée permettent de produire à grande échelle, à moindre coût et plus facilement des articles de grande qualité. Il deviendra au fil du temps plus avantageux de produire des produits manufacturés traditionnels avec des robots, sur nos territoires, que d’utiliser de la main d’œuvre étrangère diminuant du même coup le temps entre la production et la mise en vente du produit. Sans augmentation des prix. Le monde industriel de production est en train de prendre ses nouvelles marques. Par pragmatisme économique plus que par patriotisme…

Et la Chine ne reste pas les bras ballants

La « tournée mondiale » depuis plusieurs mois du président chinois Xi Jinping s’inscrit dans la nouvelle stratégie d’expansion de la Chine qui veut s’affirmer comme la nouvelle grande puissance mondiale, sur tous les plans : militaire, économique et environnemental. La Chine ne sera plus cette grande muette, cette usine de production low cost sans envergure ni plus-value. Elle veut augmenter son niveau d’influence dans les institutions financières mondiales telles que le FMI et la Banque mondiale. Sa monnaie doit jouer dans la cour des « grands », ce qu’on lui refuse actuellement alors qu’elle est la deuxième puissance économique mondiale, très bientôt la première. La Chine veut innover, consommer, produire, vendre SES propres produits. Mais est-elle une économie de marché au sens où l’entend l’Occident tant l’interventionnisme de l’Etat est omniprésent ? On l'accuse de dumping y compris monétaire. Le protectionnisme est encore bien ancré. Xi Jinping veut assurément changer son pays en profondeur. Lui aussi veut son Empire.

La présence du Président chinois en Suisse, presque une semaine, est une réponse planétaire aux attaques de Donald Trump : Ouverture du World Economic Forum de Davos en présence de 3000 chefs d’entreprises (un record) parmi les plus influents de la planète, discours à l’ONU à Genève en qualité de deuxième contributeur au budget des opérations de maintien de la paix, visite du CIO à Lausanne, réception d’Etat et nouveaux accords spécifiques avec le gouvernement suisse sur l’énergie, le tourisme, la culture notamment. Avec un message clair : « Trump et les Etats-Unis vous tournent le dos. La Chine est là pour prendre le relais».

Le libre-échange, l’ouverture sur le monde, voilà le nouveau credo chinois. Comme son engagement réitéré pour la lutte contre le réchauffement climatique. Qui l’eut cru ? Voilà la Chine devenir le plus fervent défenseur des accords de Paris sur le climat. Xi Jinping saura, à n’en pas douter, profiter de toutes les faiblesses de Trump et de l’Europe. L’Europe qui a plus que jamais besoin de consolider son leadership tant politique qu’économique. Saura-t-elle le faire à temps ? A l’observer aujourd’hui, on ne peut en être sûr…

Et notre pays dans tout cela ? La « petite » Suisse, non-membre de l’UE, neutre, sans réel soutien, souvent attaquée, a su pourtant, pour son indépendance et sa prospérité, se forger depuis des décennies des liens économiques et culturels étroits partout sur la planète et notamment avec la Chine. Avec la Russie aussi. Les Chinois, comme les Russes, aiment la Suisse dont la réputation n’est plus à faire. Ce n’est pas par hasard si le premier accord de libre-échange de la Chine en Europe s’est fait avec notre pays. Accord entré en vigueur en 2014. L’UE n’avait pas apprécié… C’est d’ailleurs ces deux pays qui invitent régulièrement notre pays au G20 ce que l’UE ne fait pas…

La Suisse ne peut se permettre d’être un acteur isolé sur la scène internationale. Sa politique de coopération et de bons offices sont d’excellents outils de notoriété et de crédibilité. Grâce au talent bien sûr de Didier Burkhalter qui sait avoir une voix qui porte. Et mieux, qui est respecté. FG

(ARTICLE PARU DANS TRIBUNe)

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