Le référendum en Suisse n'est jamais le fait du Prince
- Fabienne Guignard
- 16 janv. 2017
- 3 min de lecture
Le monde vit au rythme des élections permanentes laissant de plus en plus souvent l’électeur sur sa faim et dans l'incertitude. Heureusement il y a des pays où la stabilité politique est de mise, où les mesures d’austérité, quant il y en a, sont moins terribles qu’ailleurs ou pour le moins sont-elles librement choisies par ses autorités et si nécessaires confirmées par le peuple souverain. C’est le cas en Suisse. Le frein à l’endettement par exemple a été un choix volontaire. Alors tout le monde comprend qu'il faut l'appliquer quand les conditions sont réunies.

Les "référendum", comme les initiatives populaires, qui font tant peur à l'étranger sont l'ADN de notre système politique helvétique.
Ils forcent à la pédagogie, au débat démocratique, à l’engagement des militants sur le terrain. Bref rien ne se fait dans la précipitation. Il faut récolter des signatures pour que la votation ait lieu ou lorsque la constitution l'exige. Le référendum n’est jamais en Suisse le fait du Prince. C’est peut-être bien là le secret. Déjà parce qu'il n'y a pas de princes en Suisse... Donc en cas de refus en votation populaire, les institutions, le gouvernement ne tombent pas. Parfois, on se fait des frayeurs, c'est vrai... L’application de la votation sur l’immigration de masse en est un bel exemple.
Aujourd'hui la démocratie ne va plus de soi, même en Occident.
Quel constat terrifiant !
C'est pourtant une valeur fondamentale qui mérite que l’on continue à se battre pour elle. Mais qui est encore véritablement prêt à sacrifier sa carrière, sa vie, son confort pour des principes et des valeurs? Dans ce contexte, l'Union européenne continue de donner en permanence et sur tous les tons des leçons de démocratie, de droits de l'homme oubliant de joindre les actes à la parole... Rappelons-nous l'accord de mars 2016 sur les flux migratoires conclu avec la Turquie. Cette hypocrisie, répétée à l'envi, n'a-t-elle pas contribuer à lui ôter toute crédibilité ? Qui l'écoute encore cette Europe? Que de cynisme aussi ... Comme tout récemment la conférence de Paris sur le Proche-Orient réunissant 70 pays mais sans les deux pays concernés : Israël et l'Etat palestinien. A nouveau une belle déclaration mais sans aucune force d'application ni à l'ONU ni ailleurs...
L'UE ne laisse-t-elle pas, parce que cela l'arrange, l’Eurogroup diriger la Grèce sans aucun mandat démocratique ni reconnaissance institutionnelle ?

L'Eurogroup n'est en réalité, sur le plan juridique, qu'une réunion informelle de ministres des finances de la zone Euro qui pourrait même être présidée par un président qui ne serait pas ministre des Finances... Le comble... C'est ainsi que l'on envisagerait déjà, derrière les portes closes de Wolfgang Schauble, le très puissant Ministre des Finances allemand, de maintenir à son poste l'actuel président Jeroem Djisselbloem, Ministre des Finances des Pays-Bas s'il ne retrouvait pas son poste après les élections de mars tant son parti (parti social démocrate) aurait, selon les sondages, fondu comme neige au soleil... Faut dire qu'il est un fervent défenseur de l'orthodoxie budgétaire...
Mais l'UE, ce n'est pas une machine virtuelle, sans âme ni réflexion, c'est la somme des positions des Etats qui approuvent les décisions à l'unanimité lors du Conseil des chefs d'Etat et de gouvernement. Les Etats sont donc collectivement responsables de la faiblesse de l'Europe. Bruxelles, c'est eux. Sans oublier la faiblesse institutionnelle du parlement européen. La morale comme la démocratie sont donc à géométrie variable, selon que l’on se sente fort ou faible…
Et pourtant il nous faut une Europe forte pour contrer l'hégémonie d'autres grandes puissances qui s'en donnent à coeur joie...
Mais la démocratie n'est pas un jeu ni une partie de poker menteur. C'est l'avenir des peuples, la paix, la cohésion sociale, la prospérité, la liberté, la responsabilité. Mais pour cela, il faut respecter le peuple, l'écouter et agir. Le système suisse n'est certainement pas la panacée mais du moins assure-t-il une stabilité profitable à tous. Et quand des initiatives extrêmes se répètent et aboutissent, c'est qu'il y a une peur sous-jacente qui s'exprime dans les urnes et qu'il s'agit sans tarder de l'apaiser au risque de faire "capoter" tout le système... On l'a vu avec la votation du 9 février. La démocratie c'est aussi la vigilance. Ne jamais croire que tout est acquis et immuable. La psychologie des peuples est volatile, mouvante. Les initiatives sont ainsi comme des petits boutons de fièvre qui nous indiquent que notre système immunitaire doit être renforcé. La médecine douce vaut mieux que toutes les chimios...
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