Comment sauver le capitalisme ?

Le communisme est-il le frère jumeau du capitalisme ? Quel prix à payer pour la disparition de son pire ennemi ?

C’est par ces deux questions que l’essayiste, philosophe français, Pascal Bruckner, débuta sa conférence lors de l’Université d’été du PLR Vaud sur le thème « Comment sauver le capitalisme », sujet de son dernier livre intitulé « La sagesse de l’argent ».

Revenons sur ses propos.

Communisme et capitalisme : des frères ennemis qui se nourrissaient l’un l’autre, forçant de facto à un rééquilibrage des forces. Le communisme : un ennemi utile fructueux, un miroir grossissant caricatural de ses défauts. Mais voilà, le communisme s’est effondré avec le mur de Berlin, laissant le vide comme seul point de repère au capitalisme qui s’est mis à connaître ses excès, sans freins pour le stopper ou changer sa trajectoire. Le capitalisme a donc survécu à son pire ennemi. Il en paye le prix fort par l’augmentation des disparités de richesses et les inégalités sociales.

Aucun contre-système n’a su occuper pleinement la place perdue, ni l’alter-mondialisme, ni l’écologie radicale. Le libéralisme deviendra le garant de nos libertés, défendant l’individu contre la force de l’Etat. Le néo-libéralisme prendra le relais, laissant au marché seul le droit de tout décider. Le marché est ainsi la nouvelle boussole qui guide l’humanité. Mieux, il a toujours raison.

La religion fait partie intégrante

du système néo-libéral américain

Aux USA, la richesse suit une logique divine. Les riches sont riches parce qu’ils le méritent. Les pauvres sont pauvres parce qu’ils le méritent. Il n’est donc pas nécessaire de les aider. C’est une vision que l’Europe, plus humaniste, ne partage pas mais la tentation est grande d’y succomber.

La religion fait ainsi partie intégrante du concept néo-libéral américain jusqu’à son inscription sur le billet vert. Il n’a pas besoin de correction puisque le marché ne se trompe jamais. Mais quid de la justice sociale et de la redistribution des richesses ? Ce n’est pas un hasard si Donald Trump, Bernie Sanders remportent l’adhésion des populations, eux qui remettent en cause les élites et la finance. La classe ouvrière n’a-t-elle pas été spoliée ? L’économie américaine produit de plus en plus de richesses et de plus en plus de pauvres…

Le fantasme de la gratuité devient réel

Mai 68 a lui mis sur la table la révolution hédoniste. On invente le crédit pour satisfaire à tous nos désirs. Désirs devenus caprices. Est donc venu le temps du consumérisme où le futur devient notre allié. Le surendettement rendant le remboursement impossible. Désirs, satisfaction immédiate du désir et paiement repoussé. Le fantasme de la gratuité devient réel. La crise des subprimes, la crise grecque en sont la preuve vivante. Jusqu’au scandale récent de Leonardo DiCaprio qui se trouve empêtré dans une affaire de blanchiment d’argent sale malaisien qui a servi à produire son film « Le Loup de Wall Street ». L’acteur, tenté par les excès dans sa vie privée, devient le héros de son film…

Alors comment sauver le capitalisme ? En le remettant à sa place. L’économie n’est pas le seul moteur des passions humaines. Plaidons pour un retour à une forme d’ascétisme originel du capitalisme que pratiquaient les banquiers protestants, base du système bancaire et financier suisse. Il favorise l’argent, le travail et l’honnêteté, sans salaire faramineux. Le mérite et l’égalité en fer de lance. Cela paraît si simple. Mais c’est ce qui était il n’y a pas si longtemps… Pour le moins en Suisse. FG

Article paru dans TRIBUNe PLR - édition septembre 2015