top of page

Pourquoi tant d'abstention ? Ou quand l'anonymat sur le net remplace le secret de l'isol

  • Fabienne Guignard
  • 26 sept. 2016
  • 3 min de lecture

Il existe depuis 2006 une évaluation de l’indice de démocratie dans le monde, lancé par « The Economist Group » comme « Forbes » établit chaque année le rating des plus grandes fortunes mondiales. Cent soixante-sept pays sont ainsi étudiés et 28 petits Etats, membres de l’ONU, ne sont pas examinés comme l’Ile de Saint-Martin, le Tonga et… Monaco. Rajoutons à cette

liste six autres pays dont la souveraineté est contestée comme le Kosovo et Chypre du Nord.

Si bien sûr le résultat est des plus réjouissants pour la Suisse, placée en 2014 à la sixième place, directement après la Norvège, la Suède, l’Islande, la Nouvelle-Zélande et le Danemark, il n’en reste pas moins que la situation mondiale en la matière aurait plutôt tendance à reculer.

La Suisse obtient sur un maximum de 10, l’indice de 9.09. Le premier de classe obtenant un 9.93. Ce barème basé sur plus de 60 critères différents met en lumière quatre types de régime: les démocraties (indice de 8 à 10), les démocraties imparfaites (6-8), les régimes hybrides (4-6) et les régimes autoritaires (moins de 4). L’Allemagne figure en 13e place (8.64), le Royaume-Uni à la 16e (8.31), les Etats-Unis à la19e (8.11) et la France à la 23e, avant-dernière place de la catégorie démocratie avec 8.04. La Belgique (7.93) comme l’Italie (7.85) ont basculé dans la catégorie « démocraties imparfaites ». La France y avait figuré de justesse de 2008 à 2009 en raison de l’hyper présidentialisation de Nicolas Sarkozy… Elle est à nouveau dans le club des « bons » en 2014. La crise financière de 2008, et son impact très important sur les décisions politiques, est sûrement une des raisons de la diminution de l’indice général de démocratie tout particulièrement sur le continent européen. La démocratie est donc un bien finalement assez rare qu’il s’agit de traiter avec respect.

Selon les derniers chiffres de 2011, 11,3 % de la population mondiale connaîtraient un régime démocratique, 37,1 celui d’une démocratie imparfaite comme le Portugal, la Pologne, le Brésil, Israël sans oublier la Hongrie à la 51e place. Que dire de son résultat à venir pour 2015 avec Victor Orban aux manettes… Et de celui de la Grèce mise sous tutelle totale de ses créanciers?

Le suffrage universel, que tant de nations et de peuples recherchent comme on rechercherait le graal, est vilipendé dans nos sociétés occidentales peut-être devenues trop individualistes. Avec son corollaire : l’abstention du corps électoral désinvesti pour des raisons multiples. Mais croire que c’est un phénomène nouveau serait une erreur. L’abstention a malheureusement toujours été l’apanage des démocraties. Et la Suisse en est un exemple parfait.

Entre 1879 et 1914, sur 53 votations fédérales, on constatera un taux d’abstention moyen de 43 %. Il arrivera même à 67 % lors d’une votation sur un projet de lutte contre les maladies de l’homme et des animaux. Cela ne vous rappelle rien ? Mais sur les grands sujets d’importance stratégiques, on retrouvera l’élan du peuple suisse (adhésion de la SDN, premier projet d’AVS) mais c’est de moins en moins vrai. Dès 1950, ce fameux taux passe au-dessus de la barre des 50 % très régulièrement, puis à 57 % en moyenne. Il aura fallu un sujet, celui de la participation à l’Espace économique européen en 1992 pour le voir baisser à son niveau le plus bas de 21,3 %. Ce sont bien sûr les crises sociales qui favorisent la baisse du taux d’abstention. Et ce n’est pas franchement une bonne nouvelle. Mais l’abstentionnisme peut aussi être interprété comme un signe que le système est stable. Et cela, c’est une bonne nouvelle.

Mais le monde a changé. Le système électoral se doit de suivre un peu cette évolution où le citoyen/contribuable/électeur intervient partout et toujours sur le net, blogs, forums et réseaux sociaux, laissant des commentaires, parfois et souvent affligeants voire insultants. Mais cet échange virtuel est, à couvert d’anonymat, une nouvelle forme du secret de l’isoloir, une manière pour le moment disparate, non organisée de la pensée, y compris politique d’un peuple, qui tape à hue et à dia sur ses dirigeants mais qui s’exprime.

Peut-être sommes-nous en train de nous « Uberiser »... Le partage à tout crin… La société civile sur internet… Mais la passion de la politique se manifeste pourtant concrètement par une éclosion de candidatures aux postes d’élus. Quel paradoxe ? On vilipende les politiciens mais d’autres veulent leur part du gâteau. La difficulté est peut-être de savoir comment le distribuer et avec quelle crédibilité…La démocratie est un être vivant... C'est peut-être bien cela sa force.

(Article paru dans TRIBUNe)

Posts récents

Voir tout
Et si on avait tous la main verte

L’environnement, l’environnement durable, la biodiversité, l’écologie en général ne sont plus des thèmes anecdotiques réservés à quelques...

 
 
 
Respect et reconnaissance

Et bien voilà, c’est fait. Nous vivons un événement exceptionnel que nos générations n’ont plus connu depuis la dernière guerre mondiale....

 
 
 

Kommentare


Me contacter

  • Instagram
  • Google+ Long Shadow
  • Facebook Long Shadow
  • LinkedIn Long Shadow
  • Twitter Long Shadow

© 2023 Fabienne Guignard . Créé avec Wix.com

Vos informations ont bien été envoyées !

bottom of page