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Travail du futur : Bientôt la fin du salariat...

  • Fabienne Guignard
  • 21 sept. 2016
  • 5 min de lecture

Dans un amas de révolutions, actuelles et à venir, il y a celles qui sont une conséquence de

l’importance croissante du numérique dans notre quotidien et qui viennent à toucher au plus profond de nos valeurs sociales et donc touchant à la répartition des tâches et des responsabilités de chacun. Nous voilà au centre d’un bouleversement qui s’annonce considérable, celui du monde du travail.

"Nous voilà au centre d'un bouleversement considérable,

celui du monde du travail"

On le voit bien, la croissance mondiale trouve aujourd’hui ses limites et pour la maintenir à tout prix, des mesures et réformes, principalement structurelles, se mettent en place. C’est ce que l’on appelle communément les politiques d’austérité, plus ou moins accentuées selon les cas, en entreprises comme dans la gestion des affaires publiques. Toujours plus de compétitivité, toujours plus de rationalité. La main-d’œuvre la moins chère n’est plus en Chine, elle s’est déplacée au Bangladesh et bientôt dans d’autres pays encore plus pauvres. Les robots remplacent de plus en plus l’activité humaine y compris dans les relations personnelles et on sait que cette tendance ira en augmentant. Les Japonais ont déjà des animaux de compagnie robots, qu’ils caressent et qui répondent…

Que vont donc faire les humains quand robots, machines et ordinateurs auront pris définitivement leur place ? La question peut paraître un peu utopique mais beaucoup d’économistes, de sociologues et les magnats du numérique eux-mêmes, tel Bill Gates, se la posent avec sérieux tant ils savent à quel point le problème peut devenir épineux sans alternatives et mesures d’accompagnement.

Pour la première fois dans l’humanité, l’Homme pourrait devenir l’esclave de la machine, d’une intelligence artificielle qu’il aurait lui-même créée. L’homme au service de la machine car plus intelligente que lui. Elle a déjà dans bien de domaines pris le contrôle. Un exemple, celui de la finance ou les algorithmes les plus sophistiqués décident en nanosecondes des titres à vendre et à acheter. La spéculation automatisée est ainsi plus forte que toutes les décisions humaines à qui il faut un peu plus de temps, pour décider et agir. Le marché est ainsi faussé. Et l’économie réelle peu prise en considération.

"Pour la première fois dans l'humanité,

l'Homme pourrait devenir l'esclave de la machine,

d'une intelligence artificielle

qu'il aurait lui-même créée"

C’est ainsi qu’une question se pose sérieusement : le salariat va-t-il gentiment mais sûrement disparaître ou pour le moins se réduire comme peau de chagrin au profit d’une indépendance professionnelle, ce que l’on appelle le micro-entrepreneuriat ou l’auto entrepreneuriat? La vérité est certainement entre les deux. Le salarié devenu indépendant, par choix ou par obligation, devient maître de son destin, de son temps. Il retrouve certes une liberté de mouvements et d’actions à laquelle il aspire, en travaillant à la maison, à temps partiel ou en dehors d’une structure de grandes sociétés mais où sa responsabilité personnelle est engagée au maximum. Le voilà plus ou peu protégé sur le plan social au moment où les pouvoirs publics à tous les niveaux ont les caisses vides ou se vidant à la vitesse grand V. Et les entreprises assumant de moins en moins leur rôle social.

Par contre cette tendance met en valeur la créativité, l’innovation, la solidarité et la polyvalence qui sont dans beaucoup de grandes entreprises un point faible pour ne pas dire un défaut. On va passer du « spécialiste expert » au « généraliste spécialisé », concepteur à haute valeur ajoutée et producteur à la fois. Le créateur, designer, artisan de plus en plus souvent artisan high tech créant sa petite« start up »n’a plus besoin d’incubateurs ni de financement considérable pour mettre au point son produit, qui sera plus simple, moins coûteux à développer mais efficace et répondant à un besoin du consommateur. Les « petits »inventeurs, les nouvelles stars du business...

Contraint par la difficulté de trouver un emploi ou pour ne pas accepter la standardisation et parfois la précarité (stages non payés, contrat de travail limité dans le temps par exemple), ou par goût de réalisation d’un projet personnel, le futur auto-entrepreneur, plutôt jeune et très bien formé – mais les seniors s’y intéressent aussi –, se met à proposer un nouveau modèle d’organisation du travail devenant à la fois le concepteur de son produit et celui qui va concrètement le fabriquer, seul ou avec à l’aide d’un autre auto-entrepreneur qui rencontre le même défi à relever que lui, à l’aide de machines-outils pilotées par ordinateurs.

Bref les synergies vont bon train dans ce qui est aujourd’hui une tendance très forte que l’on appelle les « Fablabs », de leur vrai nom « fabrication laboratory » ou laboratoire de fabrication. La Silicon Valley en a fait un nouveau phare de son développement. Paris aussi démontre une vitalité retrouvée dans sa jeunesse bien formée qui veut sortir des anciens schémas. Des petites « Californie» s’implantent ainsi en Europe avec succès. Cela semble convenir à une jeune génération qui veut entreprendre et se libérer du salariat qui ne lui fait plus vraiment envie. La Suisse aussi connaît cet essor mais moins qu’ailleurs car notre pays est déjà le roi de l’innovation. Le « Fablab » est parfois plus un lieu de réparation et d’échanges.

"L'apparition de l'impression 3D

est en train de révolutionner le système économique actuel"

Mais quand de nombreux créateurs, architectes, designers, graphistes, ingénieurs, scientifiques se mettent ensemble, le résultat peut être éblouissant. L’apparition de l’impression 3D, par exemple, est en train de révolutionner le système économique actuel. On produit ce que l’on veut, chez soi. On répare ses objets. Bref les nouveautés technologiques vont ainsi bousculer les manières de consommer et de produire.

Alors que l’on peut craindre dans bien des domaines que la technologie puisse mettre l’homme sous tutelle, elle peut dans le même temps lui ouvrir de nouveaux chemins de liberté. Alors même que le salariat dans sa forme actuelle sera sans aucun doute modifié, l’adaptation de l’homme et sa créativité devront au fil du temps prendre de l’importance. Alors me direz-vous, que ferons ceux qui ne sont pas créatifs ? Ceux qui ont plutôt tendance à être spectateurs qu’acteurs de leur vie ? Ceux qui sont perturbés par le changement ? Ou tout simplement pas assez forts pour résister aux pressions ? Cela passera sûrement par la formation au goût du risque retrouvé. A la valorisation de l’esprit d’entreprise donc ne plus voir l’échec comme un handicap mais bien une chance de progresser. Favoriser l’originalité et la personnalité. Ne plus niveler par le bas au nom de l’égalité. Motiver et soutenir ceux qui ont des envies d’oser.

"Il faudra à l'humanité toute entière l'envie à nouveau d'oser. D'oser faire comme d'oser être"

Le mot est dit. Il faudra à l’humanité toute entière l’envie à nouveau d’oser. D’oser faire comme d’oser être. Car on le sait, la passion aide à franchir les montagnes. Et l’homme a cette capacité de s’adapter aux obstacles en les contournant par son intelligence, son courage et sa volonté. Et quand il n’oublie pas la solidarité, la chance est décuplée.

(Article paru dans TRIBUNe)

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