Sécurité : cessons d'avoir peur de tout !
- Fabienne Guignard
- 13 sept. 2016
- 3 min de lecture

MINI COUP DE GUEULE ... Dans les pays occidentaux, avec son lot de faits divers meurtriers, il devient impossible de passer à côté de la peur subjective des citoyens. Peur que l’on retrouve à tous les niveaux et dans tous les domaines.
Alors oui, je suis à la fois choquée et énervée par ce réflexe permanent des médias, des politiques, de la mère ou du père de famille qui ne parlent que de sécurité. On doit tout éviter même ce qui n’est pas prévisible. Et honte, opprobre à celui qui aura laissé échapper un brin de danger, qui n’aura pas su colmater à temps toutes les brèches de la vie… Le monde a toujours été par définition dangereux et la vie jamais un fleuve tranquille. Mais nos pays ont pris l’habitude de vivre sur un petit nuage de bonheurs, de facilités où au gré des années on ne supporte plus le moindre bobo. Nous éduquons nos enfants à avoir peur de tout.
"Nous éduquons nos enfants
à avoir peur de tout"
Maintenant que le terrorisme fait partie malheureusement du quotidien, c’est le « rush » vers le déraisonnable. La police est partout. Pire l’armée. Comme si c’était sa mission que d’être dans les rues, mitraillette en bandoulière mais sans munitions (trop dangereux…). La moindre valise oubliée sur un quai de gare ou à un arrêt de bus suscite un branlebas de combat. Une bombe forcément… A Lausanne, à Saint-François bien sûr. Il y a peu, quand on trouvait par terre un objet, on le rapportait à la police ou aux objets trouvés. Aujourd’hui on appelle les démineurs. On bloque la circulation plusieurs heures. Pour rien. La peur deviendrait-elle le moteur de nos vies ?
"La peur deviendrait-elle
le moteur de nos vies ?"
L’état doit être protecteur bien sûr mais pas protecteur de tout. On lui reproche ses manquements. Parfois justifiés. Cette peur ambiante devient un enjeu électoral. On le voit en France surtout, en Allemagne. Par peur des électeurs volatiles, les politiques font de la surenchère. Chacun y va de sa solution miracle. Aujourd’hui n’est-il pas de bon ton que de parler de terroristes à toutes les sauces, question de se dédouaner. La guerre, c’est à la télé. Les bombes, c’est à Alep qu’elles tombent. Jusqu’à il y a peu, cela n’empêchait pas les occidentaux de dormir…
La fatalité, le danger sont devenus des vilains mots. Bien sûr qu’il faut se protéger, ne pas être ni naïfs ni inconscients mais se réjouir, comme le font certains, d’événements tragiques pour se mettre en avant, occuper le terrain médiatique, supputer sans preuves les motivations et origines des tueurs, reprocher à la police suisse de ne pas avoir dévoilé l’identité du tueur dans le train est irresponsable. Au contraire, on devrait calmer le jeu et éviter de créer un climat anxiogène pour un moment de vanité.
Et il y a des fous, des déséquilibrés, des voyous qui se transforment en tueurs. Sont-ils tous des terroristes pour autant ? Ce sont des tueurs de masse comme les connaissent les USA depuis longtemps. Et lorsque l’on apprend que le forcené n’était pas radicalisé, on lui trouve des connaissances, des complices qui pourraient l’être. Pire une origine arabe le rend coupable de djihadisme a priori.
La peur n’est jamais bonne conseillère. Alors cessons d'avoir peur de tout..
(Article paru dans TRIBUNE, édition d'août 2016)
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